Un dispositif sécuritaire impressionnant a été déployé pour empêcher les étudiants de se regrouper. Des canons à eau ont été utilisés pour disperser les étudiants. Ils ont 20 ans. Ils sont nés pour la plupart lorsque Bouteflika a pris les rênes du pays en 1999. Aujourd'hui, ils ont l'opportunité de s'affirmer sur la scène politique et de vivre leurs premiers combats. Déterminés, percutants, les étudiants se sont imposés, hier, munis de drapeaux et de banderoles portant des slogans contre Bensalah. Ils refusent catégoriquement d'abdiquer et d'accepter le fait accompli. "Bensalah dégage", ont-ils scandé, encore, ce mardi, le 7e depuis le début de la protesta, un mardi pas comme les autres. Celui-ci coïncide avec l'investiture d'Abdelkader Bensalah en tant que chef de l'Etat par intérim. Ils ont investi la Grande-Poste et les places mitoyennes dès 9h pour y rester une bonne partie de la journée en criant à tue-tête : "Talaba ghadiboune, li Bensalah rafidoun" (les étudiants sont en colère et refusent Bensalah), ou encore "Bensalah dégage" sans épargner Bedoui et enchaîner avec "Klitou lebled Ya sarakine" (vous avez pillé le pays, vous les voleurs), en pointant un doigt accusateur en direction du système dont ils réclament, également, le départ. "Il s'agit de politique mais pas seulement, c'est de l'avenir du pays dont il est question et nous ne pouvons rester en dehors de cette équation alors nous voilà",disent-ils. Un impressionnant dispositif sécuritaire a été déployé à la Faculté centrale pour former un mur afin de stopper la marche et d'empêcher les étudiants de rejoindre leurs camarades à la Grande-Poste. Même barricade sécuritaire à l'entrée du Tunnel des facultés où les éléments de la police ont fait usage de canons à eau et de bombes lacrymogènes pour disperser les étudiants manifestants. Ces derniers ont été obligés de contourner ce cordon de sécurité pour rejoindre leurs camarades. Ce qui n'a pas été sans heurt. Mais les étudiants n'ont pas lâché prise. "Nous sommes une force unie, nous menons notre propre combat pour une Algérie prospère libre et démocratique", soutiennent des étudiants de l'Ecole normale supérieure de Kouba qui attendaient impatiemment que leurs camarades des autres universités les rejoignent au point de ralliement, en l'occurrence, la Grande-Poste. Ces derniers, bloqués au niveau de la Faculté centrale, n'ont été autorisés à circuler qu'à 12h30 alors que leurs camarades des universités de Dely Ibrahim et de Bouzaréah ont été empêchés à coups de canons à eau de passer par le tunnel. La police a procédé à plusieurs interpellations musclées."Nous ne céderons pas jusqu'à ce qu'ils dégagent tous et s'ils ont une once de bon sens qu'ils s'en aillent le plus tôt car ils ont fait assez de mal", assènent-ils, expliquant : "Ils se trompent s'ils nous prennent pour une jeunesse dépolitisée. Nous sommes une jeunesse bien consciente des enjeux et des défis et nous voulons que ce système dégage pour aspirer à une Algérie nouvelle où l'étudiant et l'enseignant retrouvent la place qu'ils méritent." Les professeurs étaient également là pour participer à la manifestation des étudiants à l'image de Hassen Daouadji Mohamed, professeur de sciences politiques à l'université de Mostaganem. "J'ai pris le départ à 5h du matin de Mostaganem pour rejoindre le rassemblement des étudiants car nous devons être unis en ces moments très importants pour l'avenir de notre pays." Ils étaient, d'ailleurs, nombreux à être venus des universités de Bouzaréah, de Dely Ibrahim, de l'Institut de Kouba, de l'université de Bab Ezzouar, de Polytech, de l'Institut supérieur d'informatique (ISI). Un pôle des grandes écoles qui font grève pour une semaine renouvelable si aucun changement n'est opéré.