Les leaders politiques soudanais ont appelé hier à une grève générale, dont la date reste à déterminer, en réponse au refus de l'armée de céder aux revendications d'un pouvoir civil, à l'issue des dernières discussions de dimanche à hier matin. "Afin de parvenir pleinement à la victoire, nous appelons à une grande participation à une grève politique générale", a annoncé l'Association des professionnels soudanais (SPA) dans un communiqué. Acteur clé de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance du mouvement de protestation déclenché en décembre 2018, la SPA a qualifié cette grève de "devoir révolutionnaire", appelant les manifestants à "la désobéissance civile". Les discussions lundi soir n'ont pas abouti à un accord sur la présidence et le taux de représentation, entre civils et militaires, au sein du futur Conseil souverain censé assurer la transition, plus d'un mois après le renversement du chef de l'Etat Omar al-Bachir. Le Conseil militaire, majoritairement formé par d'anciens proches d'al-Bachir, veut une représentation égale ou supérieure au sein du Conseil souverain, alors que l'ALC veut un transfert total du pouvoir aux civils. S'il y a certaines considérations internes qui poussent les militaires à vouloir se maintenir, l'ingérence des alliés de l'ancien président pèse lourdement. Il s'agit de l'ingérence de l'Egypte voisine, mais plus encore, celle de l'Arabie Saoudite et des Emirats arabes unis, deux états pyromanes dans la région du Proche-Orient et qui étendent leur influence dans plusieurs états d'Afrique du Nord. Depuis le 6 avril, des milliers de Soudanais participent à un sit-in devant le QG de l'armée pour réclamer le transfert du pouvoir aux civils. La poursuite de ce mouvement est "une garantie fondamentale pour réaliser les objectifs de la révolution", a ajouté la SPA. L'organisation, qui réunit des associations de professionnels, a publié des photos d'employés de la Sudanese French Bank brandissant un hashtag en arabe "Grève générale". Madani Abbas, un responsable de l'ALC, a indiqué que les dates des mouvements de grève et de désobéissance civile seraient "annoncées plus tard".