Des milliers de citoyens, seuls ou en familles, ont bravé le jeûne et la chaleur pour être au rendez-vous du quinzième vendredi de ce grand mouvement pacifique, qui continue de griller un à un, certes doucement mais sûrement, les hommes d'un système qui a excellé dans le pillage des richesses de ce pays. Ce vendredi a été essentiellement dédié au martyr de la libre pensée, feu l'activiste Dr Kamal-Eddine Fekhar, en brandissant ses portraits. Les Skikdis se sont rendus en masse au centre-ville pour marcher le long des allées du 20-Août-1955 et son prolongement sur l'artère principale Didouche-Mourad, pour se rassembler ensuite à la Place du 1er-Novembre 1954, qui fait face à l'hôtel de ville et au siège de la mouhafadha, et crier haut et fort leur détermination à évacuer tous les hommes pourris du système, tout en brandissant des portraits d'hommes historiques qui ont participé à l'indépendance du pays. Les slogans habituels contre les résidus du pouvoir ont été encore une fois scandés, hostiles notamment à Bensalah et à Bedoui. Les manifestants ont aussi appelé les magistrats à ouvrir des enquêtes dans toutes les wilayas, mais également à Skikda qu'ils considèrent impliquée dans la corruption et la dilapidation des biens publics. Ils ont aussi appelé les magistrats à libérer les innocents et à emprisonner les vrais voleurs en scandant : "Ya qodhat, ya qodhat, el adala essejnou el sarrakine oua ettalkou el mahgourine." Sur une pancarte, on pouvait aussi lire : "Doulet el batal sa3, oua doulet el hak hatta qiam essa3" (l'Etat injuste c'est une heure, alors que l'Etat de droit, c'est jusqu'au jour du jugement). À signaler que durant cette marche les slogans hostiles à Gaïd Salah ont disparu pour laisser place aux slogans en faveur de la fraternité entre le peuple et l'ANP, en scandant "El Djeïch m3ana, machi m3ahoum" (l'armée est avec nous, pas avec eux). A. Boukarine