Un rassemblement de soutien aux citoyens privés de leur passeport depuis plus de quatre ans a été organisé hier à Larbaâ Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Initialement prévu devant le siège de la daïra, dont l'édifice a été quadrillé par la police, le sit-in s'est finalement tenu devant le siège de l'APC. Les manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : "Le passeport est un droit" et "Le régime algérien nous empêche de vivre notre liberté." Bouaziz Aït Chebib, ancienne figure du MAK, a dénoncé sur place "une atteinte aux droits de l'Homme et une violation des conventions internationales ratifiées par l'Algérie car, a-t-il ajouté, le passeport est un droit". Il est à souligner que ce rassemblement a été organisé à l'appel du Collectif de militants kabyles de défense des droits humains (CMKDDH). Selon des membres de ce collectif, "dès la matinée d'hier, le siège de la daïra de Larbaâ Nath Irathen a été quadrillé afin d'empêcher les gens de rejoindre le rassemblement pour dénoncer le blocage des passeports", expliquant que ce rassemblement a été reporté une première fois, soit samedi dernier, après la mort en détention du Dr Kamal-Eddine Fekhar. Joint hier, Me Kader Houali, avocat et militant des droits de l'Homme, a indiqué que l'affaire concerne une quinzaine de citoyens privés de leur passeport, tout en affirmant que "chaque citoyen a le droit d'avoir son passeport et de circuler librement à l'intérieur et à l'extérieur du pays. La Constitution et les conventions internationales ratifiées par l'Algérie garantissent ce droit fondamental et il n'y a que la justice qui est habilitée à interdire ou à confisquer un passeport pour un citoyen et cela, d'une manière officielle et dans des cas bien précis, prévus par la loi". Il est à rappeler que dans une précédente déclaration les citoyens privés de leur passeport, en majorité des militants du mouvement autonomiste le MAK, ont expliqué : "Nous sommes des militants politiques et nous l'assumons pleinement. Nous militons dans un cadre pacifique et démocratique légitime. Nous n'allons jamais accepter que cela soit un prétexte pour que nous soyons dépossédés de nos droits par des décisions occultes d'où qu'elles viennent." Et de rappeler que "la liberté de circulation est un droit fondamental bien spécifié dans l'article 13 de la Déclaration universelle des droits de l'Homme (DUDH)". Ils estimeront encore : "Nous traversons une période très dure en matière de droits fondamentaux. Les abus en la matière sont nombreux et ne cessent de s'accroître dans divers secteurs. Des journalistes emprisonnés, des militants harcelés de manière permanente et des citoyens anonymes subissent les affres de l'injustice dans leur quotidien. Seule la solidarité est capable de créer un front uni contre cette chape de plomb." Le sit-in a pris fin vers 12h par une minute de silence à la mémoire du défunt militant Kamal-Eddine Fekhar.