Le journaliste témoigne qu'il a été contraint de se déshabiller et à enlever jusqu'à ses sous-vêtements sous les yeux d'une dizaine de policiers en civil. Le rédacteur en chef du quotidien régional Le Provincial, Mustapha Bendjama, a fait l'objet d'une interpellation musclée, vendredi, au centre-ville d'Annaba, quelques minutes seulement avant la marche populaire. Sans lui expliquer les raisons de son arrestation, le jeune journaliste a été menotté et poussé sans ménagement à l'intérieur d'un fourgon de police et transféré au commissariat de la 2e sûreté urbaine de la ville. Placé en garde à vue dans ce poste de police, il a été aussitôt malmené et roué de coups alors qu'il n'opposait aucune forme de résistance aux éléments des renseignements généraux qui l'y avaient emmené, témoigne Mustapha Bendjema. "Pressé de questions sur ma présence sur le Cours de la Révolution où a lieu généralement le rassemblement des manifestants chaque vendredi, depuis le 22 février, j'ai répondu naturellement que je me devais d'être là dans le cadre de mon travail de journaliste. Ma réponse n'a pas été du goût des policiers qui se sont remis à me bousculer et à me frapper de nouveau. Ces sévices, j'en porte encore les traces, et j'ai un certificat médical délivré par un médecin du CHU, qui l'atteste en prévision de la plainte que je compte déposer contre mes bourreaux aujourd'hui (hier, ndlr)", fulmine notre confrère. Et d'ajouter qu'il a été contraint de se déshabiller et à enlever jusqu'à ses sous-vêtements sous les yeux d'une dizaine de policiers en civil. "Après avoir été tabassé et humilié, j'ai été encore une fois longuement interrogé par les enquêteurs au sujet de certaines de mes publications sur les réseaux sociaux, sur facebook notamment, à propos d'une photo sur laquelle j'exhibe l'emblème amazigh. J'ai été auditionné jusqu'à 19h. Ils ont réquisitionné mon smartphone pour y lire toutes mes conversations privées, mails et sms avant d'essayer de leur donner une signification compromettante ou coupable", proteste encore Mustapha Bendjama, en mettant l'accent sur le fait qu'il a été contraint de signer un procès-verbal d'audition qu'il n'a pas lu. Il y a lieu d'indiquer que ce journaliste est ciblé par les policiers, qui n'ont eu de cesse de l'interpeller à chaque manifestation, marche et sit-in pacifiques, qui ont eu lieu à Annaba depuis le 22 février dernier.