Les parlementaires exigent l'annulation de toutes les mesures antiéconomiques prises par le Premier ministère. La commission de la défense nationale du Conseil de la nation a enfin réagi à l'autorisation octroyée par le Premier ministre, Noureddine Bedoui, à l'exportation des produits subventionnés par l'Etat via les frontières sud du pays. Dans une correspondance officielle cosignée, cinq sénateurs du Sud et du Grand-Sud et le vice-président de ladite commission, Belouafi Elkaïm, interpellent le chef d'état-major de l'armée et le pressent d'intervenir pour mettre un terme à ce qu'ils qualifient de "contrebande" réglementée constituant un véritable danger pour l'économie et la stabilité du pays. Les signataires du document, dont nous détenons une copie, exigent "l'arrêt immédiat de l'exportation, qu'elle soit autorisée ou pas et peu importe le pays de destination, de produits alimentaires de large consommation qui sont subventionnés par l'Etat à travers les centres frontières des communes de Bordj Badji Mokhtar et de Timiaouine, dans la wilaya d'Adrar, ainsi que ceux de Tine Zaouatine et d'In Guezzam, dans la wilaya de Tamanrasset". Ils exigent également l'annulation de toutes les mesures antiéconomiques prises par le Premier ministère, du fait qu'elles contribuent, d'une manière ou d'une autre, à l'élargissement des couloirs de la contrebande et du transfert de devises à travers cette vaste partie du pays. La correspondance aura certainement éclairé sur les ambiguïtés qui entourent le phénomène de la contrebande dans cette région devenue, depuis quelques années, une véritable passoire, malgré les mesures sécuritaires prises par le pouvoir en place, dont la fermeture des frontières survenue, rappelons-le, en juin 2013. Les sénateurs ont insisté sur l'aspect urgent des mesures à prendre pour pouvoir contrecarrer les intentions que nourrissent les contrebandiers des produits subventionnés vers les pays voisins en contrepartie de sommes d'argent qui, plus grave encore, n'auraient jamais bénéficié au Trésor public, accusent des analystes économiques en réaction à la doléance des sénateurs. La démarche des sénateurs a été certainement contestée par des habitants de ces régions, particulièrement par ceux qui vivent exclusivement de ce trafic en l'absence d'alternatives d'emploi et de sources de revenus, mais elle a, sans nul doute, permis de décoder la formule "des autorisations" qui ont toujours fait le bonheur des barons de la contrebande et de la bande de maffieux qui insistent étrangement sur le développement des villes frontalières pour promouvoir "leur commerce extérieur", accuse encore un activiste de Tamanrasset qui a promis des déclarations fracassantes sur des responsables locaux impliqués directement dans la prospérité de ce trafic. RABAH KARECHE