Liberté : Quel bilan faites-vous des incendies de forêt depuis le début de la campagne de lutte ? M. Djadi : Cette année, nous avons ouvert la campagne de prévention contre l'incendie dès le mois de mai. En l'espace de trois mois, de mai à juillet, il y a eu 22 incendies qui ont détruit 1 468,01 hectares sur une surface de 51 794 hectares du patrimoine forestier, composé essentiellement de 50% de forêt de pins et 45% de maquis. Les zones les plus sensibles sont situées dans les daïras de Ramka, Aïn Tarik, Zemoura et Mendes. Par ailleurs, les surfaces déclarées dans les régions isolées présentant un climat d'insécurité sont approximatives. Le bilan s'est fait à partir des cartes de l'état-major. Pour parer à ce déficit, nous souhaitons l'intervention de la CNTS pour l'évaluation des superficies des dégâts par voie aérienne. Quelles sont les causes des incendies de forêt ? Les conditions climatiques défavorables, les fortes intempéries enregistrées à travers la wilaya durant l'hiver dernier et l'enneigement en particulier, suivi des gelées, ont engendré un développement considérable d'une strate herbacée combustible constituée essentiellement de broussailles. Cet état de fait expose davantage nos forêts au risque d'incendie. Les causes sont liées également à l'imprudence des gens, aux ratissages et notamment à l'abandon quasi total des populations rurales qui habitaient à l'intérieur des forêts, leur rôle en matière d'intervention était très efficace. En quoi consiste la campagne de lutte contre les incendies de forêt ? Trois arrêtés ont été établis portant sur l'ouverture de la campagne de prévention et de lutte contre les incendies de forêt du 1er juin au mois d'octobre. Le troisième arrêté porte sur la création de la brigade et une commission d'intervention. Cette dernière est composée de plusieurs secteurs tels que la Protection civile, les gardes forestiers, l'ANP, les agents de l'APC, la Sonatrach ou la Sonalgaz… Tout ce monde est prêt à intervenir en cas d'incendie. Cette commission s'occupe d'abord de récolter de l'information puis c'est au rôle de la brigade d'intervenir. Concernant la prévention, les forestiers tracent des coupe-feux au milieu des forêts, on mène des campagnes de sensibilisation et de prévention pour la population. 35 postes de vigie sont également ouverts pour repérer les incendies. Quel est votre rôle concernant la prévention et la sauvegarde de la faune et de la flore ? Normalement, nous nous occupons du déboisement, de la régénération des arbres, de la lutte contre les insectes et les animaux nocifs. On fait également le suivi de la repopulation des gibiers, mais l'aspect sécuritaire a quasiment entravé notre travail de protection de la forêt. Plusieurs forêts restent, jusqu'à aujourd'hui, inaccessibles à cause des terrains minés ou de la présence des groupes terroristes dans certaines régions. Le travail du forestier concerne, en ce moment, le développement rural tel que la recherche des points d'eau, tracer les tranchées et l'abattage des animaux nuisibles… Concernant la flore, peut-on parler de baisse de reproduction ? Au contraire, la flore s'est repeuplée durant cette période, puisque il n'y a plus de prédateurs humains dans les forêts denses. D'ailleurs, dans le programme de repeuplement des forêts en gibier à plumes, nous avons procédé à un lâcher de 1 000 faisans en forêts domaniales de Oued Ardjem et Oued Rhiou les 28 et 30 juillet 2005. On a enregistré le retour des antilopes (gazelles à travers le territoire de la wilaya). Concernant la lutte contre les animaux nuisibles en forêt par l'organisation de battues administratives contre le sanglier et le chacal, nous avons abattu près de 323 sangliers. N. A.