Dans le cadre de la tournée des 50 ans, l'Institut français d'Algérie a invité l'interprète de Ce n'est rien ou encore Femme je vous aime pour un concert unique, jeudi, à l'Opéra Boualem-Bessaïh. Après 45 ans d'absence, voilà que l'un des monstres de la chanson française fait son come- back en Algérie. En 1975, Julien Clerc avait donné trois concerts à la salle Atlas (Bab El-Oued), et jeudi dernier, il était de retour sur les planches de l'Opéra d'Alger, mais cette fois-ci pour célébrer ses 50 ans de carrière. Rien que ça ! Malgré la grisaille, le froid et les bouchons, ses fans ont fait le déplacement afin de le revoir pour certains, et le découvrir sur scène pour d'autres. À 18h30, l'Opéra grouillait de monde, les gens arrivaient en groupe ou en couple avec un air jovial, car le compte à rebours a commencé, dans une heure leur icône allait leur offrir une soirée magique. Les minutes passent, la pression monte, il est 19h45, la salle s'impatiente, le retard exaspère, les applaudissements se font entendre dans l'enceinte de l'établissement… 20h10, les lumières s'éteignent, les musiciens font leur apparition sur scène, quelques secondes plus tard c'est l'euphorie, Julien Clerc fait son apparition, vêtu d'un costume noir, lance d'emblée au public : "Qui était à l'Atlas ?", "Un plaisir de chanter pour vous ce soir". Accompagné de Benjamin Constant au piano et Evert Verhees à la basse et autres instruments, le chanteur ouvre le bal avec Utile, tout en enchaînant ses plus grandes compos Californie, Fais-moi une place, Si on chantait ou encore Ma préférence. Ces titres intemporels n'ont pris aucune ride, le public reprenait en chœur et semblait connaître chaque morceau, enfin tout le répertoire de Clerc. Julien tantôt au micro, tantôt au piano, s'est "approprié" la salle par son talent et sa prestance. À 72 ans, l'interprète-compositeur est toujours aussi charismatique qu'à ses débuts vers la fin des années 60 où il a cartonné grâce la comédie musicale Hair. Il connaîtra le succès à partir des seventies, il enchaîne les albums et entame une carrière au cinéma. À travers ces cinquante années de carrière, durant lesquelles il a chanté l'amour et la femme, Paul Alain Leclerc est connu également pour ses engagements, notamment sa participation au Resto du cœur depuis son lancement, ainsi qu'à Sol En Si (Solidarité enfants Sida). En 2002, "il cède les droits de son titre Partir au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), dont il est nommé ambassadeur de bonne volonté pour la francophonie en 2003". Très interactif et généreux avec le public, le chanteur profitait entre deux titres pour raconter une anecdote, comme celle de Gilbert Bécaud, qu'il a connu à ses 20 ans : "Je faisais ses premières parties, c'était une chance pour un jeune de le côtoyer et l'observer dans son travail." À cet effet, un hommage lui a été rendu à travers la reprise du titre C'est en septembre, "qui chante la Méditerranée commune", avait-il déclaré. En évoquant Bécaud, il est naturel de chanter son grand ami Charles Aznavour. "Y a pas un dîner ou Gilbert n'a pas cité Charles, ils étaient comme des frères." Au bonheur des amoureux de la chanson française, Julien Clerc a gratifié l'assistance de Formidable d'Aznavour.
"Le cœur de rocker" déchaîne la foule Au bout d'une heure de spectacle, le moment solennel est arrivé, les plus grands succès s'enchaînent et font vibrer l'Opéra, à l'instar de Ce n'est rien, reprise par les 1400 personnes présentes. S'en sont suivi Laissons entrer le soleil, Le patineur, Femmes je vous aime, il a présenté également ses deux "copines" : Hélène et Mélissa. Mais le Cœur de rocker a déchaîné la foule, qui a quitté son siège pour se déhancher et apprécier jusqu'à la dernière seconde ce moment mémorable. Outre ses anciens tubes, "le chef de file de la chanson française" a interprété Sous mon arbre et Je t'aime etc., tiré de son dernier opus À nos amours. L'escale de "La tournée des 50 ans" à Alger, organisée par l'Institut français d'Algérie, a permis de vivre durant 1 heure 30 un moment mémorable pour petits et grands. D'ailleurs, l'assistance était composée de mélomanes âgés de 7 à 77 ans, comme cela était le cas de Diana, une adorable petit fille de 7 ans, ayant fait le déplacement depuis Annaba, pour découvrir l'un des chanteurs préférés de son papa. Le temps d'une soirée, Julien Clerc a réuni toutes ces générations pour chanter l'amour et la bonne humeur. Une occasion pour recharger les batteries, afin d'affronter les gros enjeux qui nous attendent.