Lilian Thuram s'est déclaré, dimanche à Turin, prêt à honorer sa sélection pour le match de football France-Côte d'Ivoire, le 17 août prochain, tout en précisant qu'il se pliait ainsi à la volonté du sélectionneur et qu'il s'inscrivait donc dans une démarche différente de Zidane et Makelele. Thuram a mis fin, dimanche lors d'une conférence de presse, à un suspense qui était sur le point de virer au grotesque. “Cette ambiguïté (autour de son retour) m'a dérangé. On me demandait une déclaration mais je ne savais pas quelle déclaration faire...”, avouait Thuram. Car, jeudi, au moment où Zidane évoque fortement le retour chez les Bleus du défenseur de la Juventus, Thuram lui-même semble ne pas exactement savoir de quoi il retourne. Mais, en recevant une pré-convocation pour France-Côte d'Ivoire, jeudi ou vendredi à la Juventus, les choses se sont précipitées — mais peut-être pas éclairées — pour le Guadeloupéen. “Je n'étais pas dans la même optique que Zidane ou Makelele. Eux, ils s'y sont préparés (à ce retour), ils y ont réfléchi. Moi, je n'ai pas eu ce temps de réflexion”, dit Thuram, 33 ans (103 sélections). Thuram n'a pas choisi. Domenech l'a convoqué, il a obéi. “La réflexion, c'est maintenant qu'elle se fait”. D'où, peut-être, les atermoiements des derniers jours et les interrogations de la France du football sur le mode “revient, revient pas ?” “Quand j'ai reçu la convocation, j'étais énervé. Mais, après réflexion, j'ai essayé de comprendre la démarche du sélectionneur, il veut le groupe le plus performant”, a confié Thuram. “Je l'aurais peut-être moins bien pris si le sélectionneur ne m'avait pas prévenu.” Car, malgré plusieurs discussions avec Raymond Domenech, au cours desquelles il a toujours fait valoir son choix de ne pas revenir en équipe de France, le sélectionneur lui avait glissé, en fin de saison dernière, qu'il pourrait quand même l'appeler pour le match amical du mois d'août. “Il (Domenech) a pris ses responsabilités, je sais très bien qu'il n'a pas fait ça contre moi”, a ajouté un Thuram au ton mesuré. “Il est évident que si l'équipe de France était à un point de la qualification pour le Mondial, le sélectionneur n'aurait pas eu le même comportement. Il aurait été le premier à respecter ma décision.” Passé la “surprise” de recevoir une pré-convocation — “Pour dire la vérité, je n'ai pas regardé la lettre tout de suite, parce que je me disais qu'il y aurait peut-être mon nom...” — Thuram a fait contre mauvaise fortune bon coeur. “Les Bleus, je sais ce qu'ils m'ont apporté”, souligne-t-il. “Et, puis, je ne conçois pas qu'un joueur refuse une sélection.” À écouter Thuram, les retours de Zidane et Makelele, annoncés en milieu de semaine, n'ont même pas compté dans la balance : “Si le sélectionneur m'avait convoqué, mais pas Zidane et Makelele, je serai revenu aussi.” Si son retour chez les Bleus n'était pas “un désir”, ce que, à l'entendre, il l'avait fait clairement savoir à Domenech, l'ancien joueur de Monaco et Parme ne prend pas pour autant ses nouvelles perspectives “comme une obligation”. “Je n'y vais pas en reculant”, clame-t-il. Presque à son corps défendant, voici Thuram transformé en soldat de luxe pour livrer les dures batailles à venir, notamment en Irlande, le 7 septembre, et en Suisse le 8 octobre. “J'espère que je serai à la hauteur”, dit-il humblement. En tout cas, Raymond Domenech en semble tout à fait persuadé.