Le président syrien Bachar al-Assad a réaffirmé hier son soutien, sans les nommer, aux combattants kurdes dans le nord-est de la Syrie qui tentent de repousser l'armée turque, quelques jours après le début de son déploiement meurtrier dans cette zone. "Nous sommes prêts à soutenir toute (...) résistance à l'agression turque", a affirmé M. Assad dans le cadre d'une visite inédite qu'il a effectuée dans la région d'Idleb (Nord-Ouest), autre front de la guerre en Syrie situé près de la frontière, mais à plusieurs centaines de kilomètres. "Un appui aux Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, constitue un devoir constitutionnel et national indiscutable", a ajouté le Président syrien, dont le pays est déchiré depuis 2011 par une guerre meurtrière aux multiples ramifications. L'opération turque lancée le 9 octobre dans le nord-est de la Syrie contre les FDS -dont la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) est l'épine dorsale- a été suspendue jusqu'à 19h00 GMT, mardi, à la faveur d'une trêve négocié entre Washington et Ankara. La Turquie rejette tout projet d'autonomie kurde à sa frontière, craignant qu'un noyau d'Etat kurde ne galvanise les velléités séparatistes de cette communauté vivant sur son sol. Son offensive dans le nord de la Syrie vise à créer une "zone de sécurité" empêchant toute autonomie kurde, et à rapatrier une partie des 3,6 millions de réfugiés syriens installés en Turquie. Damas a longtemps critiqué l'alliance entre les Kurdes et les Etats-Unis, engagés ensemble ces dernières années dans la lutte anti-jihadistes, allant jusqu'à qualifier les Kurdes de "traîtres". Mais la décision du président américain, Donald Trump, de retirer ses troupes du nord du pays, laissant le champ libre à la Turquie, a provoqué un rapprochement entre le régime syrien et les Kurdes. L'armée syrienne s'est ainsi déployée la semaine dernière dans plusieurs secteurs du nord-est du pays, notamment dans les villes de Minbej et Kobané, en vertu d'un accord avec les autorités kurdes. Selon M. Assad, la priorité désormais est à la résistance contre cette agression et non de blâmer les autres.