C'était l'aubaine à ne pas rater par les Jijéliens, qui sont sortis en masse en ce 1er Novembre historique, mais aussi symbolique, pour avoir coïncidé avec la 37e édition du hirak national, pour manifester leur colère à l'égard du système hérité de l'ère Bouteflika. Certains des slogans repris ont été inspirés de cette date symbolique, lorsque des manifestants ont brandi des pancartes sur lesquelles ont été écrits, entre autres, "Rien n'arrêtera la marche d'un peuple vers son destin." Cela dit, et comme à son accoutumée, la marche de ce vendredi pas comme les autres a démarré de son noyau qui a l'habitude de se former devant le siège de l'APC. Les manifestants, dont le nombre a doublé, selon les habitués de ce rassemblement hebdomadaire, ont, par la suite, emprunté leur circuit habituel, s'ébranlant en direction du centre-ville avant de s'en aller dans une longue procession et revenir à leur point de départ. Cependant, le clou de cette mobilisation hebdomadaire a été sans conteste la nuit du 31 octobre au 1er novembre, lorsqu'une foule en délire s'est réapproprié la rue, à proximité du lieu de rassemblement des officiels au jardin El-Qods. Bien avant minuit, les slogans des manifestants fustigeant le pouvoir fusaient déjà de toutes parts, avant que la foule ne soit dopée par un immense rassemblement. Très impressionné par ce rassemblement inédit, un citoyen a glissé sur sa page facebook ce texte : "Il est 1h du matin, je viens de rentrer chez moi en émoi, car je viens de vivre mon premier novembre. Je n'ai jamais connu cela auparavant et suis resté comme hypnotisé de ce qui venait de se passer à minuit à Jijel, pour une fois dans nos nuits obscures, avant qu'un éclair vienne illuminer nos désespérances." L'émotion était tellement au rendez-vous que le lendemain, vendredi, la rue a fait son plein à Jijel avec des manifestants qui ont repris les mêmes slogans dénonçant la îssaba et revendiquant liberté et démocratie.