Tous les slogans hostiles au pouvoir ont été scandés par des manifestants heureux de retrouver la vigueur des premières semaines du "hirak". Les Oranais ont promis un 1er Novembre de feu ; ils ont tenu parole. Hier, des milliers de manifestants ont, en effet, déferlé sur l'ex-place d'Armes pour réitérer leur engagement à poursuivre la lutte pour l'Algérie, voulue par leurs ancêtres chouhada de la Révolution. "Nous avons récupéré le 5 Juillet, aujourd'hui nous nous réapproprions le 1er Novembre", ont exulté de nombreux manifestants, alors que la foule grossissait et grondait, impatiente d'entamer la marche. Ils étaient des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants, souvent drapés dans le drapeau national, parfois dans l'emblème amazigh, à hurler leur haine du pouvoir et de ses figures, et crier leur détermination à continuer la lutte. "On se croirait en mars, au plus fort des manifestations contre le 5e mandat", s'est exclamée une femme, émerveillée par la procession qui s'étalait à perte de vue, rue Larbi-Ben M'hidi. Aux cris de "Aliii, baaouha ya Aliiii", des milliers de gorges ont hurlé des slogans hostiles au pouvoir, jurant de continuer à sortir et à manifester jusqu'au départ du dernier ersatz du pouvoir actuel. La rage et la détermination des Oranais s'expliquaient aussi par la frustration d'avoir été privés des festivités de la veille par les "cachiristes" et par l'usage de la violence par la police contre des manifestants pacifiques. "Ils sont têtus, nous le sommes aussi. Nous battrons le pavé pacifiquement et autant de temps qu'il le faudra, mais nous réussirons à les dégager tous. Quant aux policiers qui ont accepté de violenter des manifestants pacifiques, la honte les poursuivra toute leur vie", s'est indigné un des manifestants qui se trouvait la veille à la place du 1er-Novembre. D'ailleurs, des slogans contre la répression des forces de l'ordre ont plusieurs fois retenti dans le ciel d'Oran, comme ont retenti les slogans appelant à la libération des détenus d'opinion, ceux rejetant l'organisation de l'élection présidentielle et l'entêtement du pouvoir à vouloir se régénérer. Après avoir fait vibrer les principales artères du centre-ville par des "Pouvoir assassin", "Ulac smah ulac", "Ulac l'vote ulac", l'impressionnante masse populaire a pris la direction du siège de la wilaya pour la traditionnelle messe au cours de laquelle l'ensemble des slogans hostiles au pouvoir ont été scandés par des manifestants, heureux de retrouver la vigueur des premières semaines du hirak. "Plus tôt le pouvoir se rendra à cette évidence que le peuple a décidé de récupérer sa souveraineté, mieux cela vaudra pour l'Algérie. Les millions qui sortent chaque vendredi ne sont quand même pas quelques éléments manipulés par la main étrangère ou par l'îssaba", a ironisé un manifestant.