Le 35e acte des manifestations estudiantines a coïncidé, hier à Alger, avec la programmation, au tribunal de Sidi M'hamed, du procès de détenus d'opinion et politiques. À l'occasion de cette marche hebdomadaire, les manifestants avaient à cœur de tenir un rassemblement devant le tribunal de Sidi M'hamed pour exprimer leur solidarité avec les détenus. Mais c'était compter sans la forte mobilisation de la police qui les en a violemment empêchés. La marche qui a démarré dans le calme de la place des Martyrs a atteint le tribunal de Sidi M'hamed vers 11h30, où des centaines d'éléments des brigades anti-émeutes, visiblement instruits, les attendaient de pied ferme. La tentative des manifestants de franchir les cordons de sécurité qui encerclaient le tribunal, a fait réagir les policiers qui ont usé de la matraque. Les échauffourées ont duré quelques minutes avant que les étudiants ne battent en retraite pour reprendre l'itinéraire habituel de leur marche. Dans la foulée, ils ont scandé à tue-tête des slogans appelant à la libération des détenus. "Libérez les détenus", "Arrêtez les enfants de la îssaba (bande) et relâchez les enfants du peuple", ou encore "Nos enfants n'ont pas vendu de la cocaïne pour les mettre en prison", allusion au scandale des 701 kg de cocaïne saisie à Oran. Balisé depuis plusieurs semaines, l'itinéraire de la marche est resté inchangé. Cette dernière sillonnera progressivement la rue Larbi-Ben-M'hidi puis l'avenue Pasteur, avant d'atteindre l'esplanade de la Grande-Poste. Elle se poursuivra ensuite dans le boulevard Amirouche et la rue Didouche-Mourad. Même les fortes pluies qui se sont abattues sur la capitale n'ont pas dissuadé les manifestants à poursuivre leur marche. Comme lors du dernier vendredi du hirak, la manifestation a semblé plutôt "tolérée" par la police, dont les contingents déployés le long des trottoirs se sont contentés d'observer passivement les marcheurs. Les étudiants ont, une fois de plus, porté les revendications de la révolution du peuple. Ils ont, ainsi, réitéré leur rejet de l'élection présidentielle, imposée par le pouvoir. Tout comme ils ont réclamé un Etat civil et non militaire et rejeté l'élection présidentielle organisée par la "bande". Les étudiants, tout comme la grande majorité du peuple, jurent de ne pas s'arrêter avant le départ de tous les symboles du système et l'instauration d'un Etat de droit. "Wallah ma rana habsin hata trouhou gaâ" (Nous jurons au nom de Dieu que nous n'allons pas nous arrêter jusqu'à ce que vous partiez tous), tel est le serment réitéré par les manifestants qui mettent en avant le slogan tube de la révolution du 22 février : "Yetnehaw gaâ" (Ils vont tous partir).