C'est par une protestation des personnels soignants du Centre anti-cancer de Messerghine (CAC), dédié aux enfants cancereux, que le ministre de la Santé, de la Population et et de la Réforme hospitalière, Mohamed Miraoui, a été accueilli hier lors de sa visite d'inspection à Oran. En plus de la protestation des paramédicaux brandissant des pancartes, le ministre a dû faire face à la colère et au profond désarroi des familles des enfants malades, qui se meurent faute de soins adéquats. Sur les pancartes brandies par le personnel à l'entrée du CAC, on pouvait lire : "Non à la hogra", "Où est l'application de l'article 37 ?", "La loi s'applique à tous" ou encore "Un état de droit". À l'intérieur du centre, ce sont des parents qui ont interpellé M. Miraoui, le suppliant de faire quelque chose. "Sauvez nos enfants, ils ne sont pas soignés, ils se meurent devant nos yeux", ont lancé des mères garde-malades dormant à même le sol. Elles ont déclaré avoir été menacées par des responsables si elles osaient parler au ministre. Ce dernier a tenu une rencontre à huis clos avec les responsables du secteur de la santé d'Oran et les gestionnaires du CAC, avant de recevoir les représentants des paramédicaux et des parents de malades. Tous ont décrit une situation catastrophique pénalisant les enfants cancéreux, avec des taux de mortalité élevés : pas de pharmaciens chargés de la préparation de la chimiothérapie, des équipements en panne, des conditions de travail rudimentaires, pas de médecin oncologue, pas d'ambulance, etc. Les paramédicaux sont contraints d'assurer des tâches et des soins médicaux qui ne sont pas de leurs compétences et de leurs prérogatives. Constat confirmé par les parents de malades, qui parlent de produits chimiothérapiques inefficaces et de mauvais dosage lors de la chimio. Les parents transportent leurs enfants en taxi clandestin vers Oran pour des examens et des analyses qui ne sont pas assurés par le centre. Un tableau noir a été dressé contre les gestionnaires du CAC et des responsables de la santé. Au sortir de la réunion, le ministre a annoncé la venue, dès aujourd'hui, d'une commission d'inspection qui évaluera tous les problèmes du CAC et déterminera les responsabilités dans les défaillances de la prise en charge des enfants cancéreux. Il a également annoncé l'envoi, dans la semaine, de médecins et autres pharmaciens spécialisés au CAC de Messerghine. Des mesures qui ont quelque peu apaisé la colère des paramédicaux, mais n'ont pas convaincu les parents des enfants cancéreux qui ont remarqué : "Il y a déjà eu des commissions et nos enfants continuent à mourir." Ce constat déplorable a été celui de la santé de manière générale lors de cette visite du ministre de la Santé. Interrogé sur le rapport de l'IGF datant de 2018 qui met à nu la gestion de ce secteur à Oran et au CHUO, Mohamed Miraoui a fini par dire que ce rapport se trouvait entre les mains de la justice. Des enquêtes sont en cours et devraient faire des révélations sur des affaires graves en matière de gestion et de marchés d'acquisition d'équipements dans la wilaya d'Oran.