"Je ne peux rien dire. Les Algériens sont libres. Il y a une majorité et une minorité. Mon respect total va vers les deux", a-t-il rétorqué à une question relative à sa position par rapport à ceux qui rejettent l'élection présidentielle. Le candidat à l'élection présidentielle du 12 décembre et ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a animé hier une conférence de presse pour présenter son programme électoral et le slogan de sa campagne. Le candidat s'est engagé dans un résumé de "ses 54 engagements pour une nouvelle république", distribué aux médias à "réaliser les attentes et les aspirations légitimes portées par le hirak du 22 février pour un changement global et véritable à même de permettre à notre pays de se redresser et de prendre un nouveau départ". Mais, paradoxalement, il livre une réponse à la fois évasive et ambiguë à la question de savoir quelle est sa position vis-à-vis des manifestants qui réclament le changement et refusent la tenue du scrutin présidentiel du 12 décembre sous la houlette de l'actuel système. "Je ne peux rien dire. Les Algériens sont libres. Il y a une majorité et une minorité. Mon respect total va vers les deux", avance le candidat, qui n'est pas davantage loquace lorsqu'on lui demande qui il vise quand il parle du "danger du courant étranger". Abdelmadjid Tebboune niera aussi avoir rencontré l'ancien chef de gouvernement, Ali Benflis, et d'avoir conclu un accord avec lui : "Ce n'est pas le premier fake news. Je ne suis ni pour ni contre personne. Chacun a son programme à défendre." Concernant les informations faisant état de soutien de militants du FLN à sa candidature, Tebboune réplique : "C'est une tempête dans un verre d'eau. Les militants du FLN sont des Algériens avant tout. Si je voulais me présenter au nom du FLN, je l'aurais fait, mais j'ai choisi de me présenter à ce scrutin en tant que candidat libre. Dans le cadre de mes soutiens, j'ai deux lignes rouges : le courant étranger et ceux qui touchent aux constantes nationales." L'ancien Premier ministre a réitéré sa volonté de poursuivre la campagne anticorruption, lancée, dit-il, par "le chef de l'Etat et le vice-ministre de la Défense et qui doit s'inscrire dans la durée". Car, poursuit-il, "il reste beaucoup de têtes à faire tomber ; si une seule d'entre elles restituait l'argent, je pourrais régler le problème du déficit de la caisse des retraites définitivement". À un journaliste qui voulait savoir si au moment de son limogeage du poste de Premier ministre en août 2017 il envisageait déjà de se présenter au scrutin présidentiel, Abdelmadjid Tebboune répond : "Si c'était le cas, j'aurais été un putschiste. Je ne pensais pas à l'époque à ce projet." Sous le slogan "Nous nous engageons au changement que nous sommes capables de mener", le postulant au scrutin promet une révision de la Constitution "consacrant une séparation stricte des pouvoirs, renforçant le contrôle du Parlement, la protection des droits et libertés des citoyens et évitant toute dérive autocratique, à travers la mise en place de contre-pouvoirs efficaces". Tebboune s'engage, en outre, à réviser le dispositif d'organisation des élections dont le code électoral pour "bannir définitivement la collusion entre l'argent sale et la politique par des dispositions pénales et définir avec rigueur les critères et conditions exigés des candidats à l'élection aux Assemblées locales, de wilaya et nationales ainsi qu'à l'élection présidentielle". Dans le cadre de la moralisation de la vie politique et publique, le candidat envisage notamment d'"ériger la compétence comme critère fondamental dans la sélection et la nomination aux différentes fonctions de l'Etat et permettre une meilleure traçabilité de la décision publique et des actes de procédures liés à la gestion des deniers et biens et marchés publics". Sur le plan social, il souhaite exonérer d'impôt les revenus de moins de 30 000 DA et d'imposer davantage les riches : "C'est un simple calcul, je vais alléger le fardeau sur les travailleurs et les couches moyennes et récupérer l'argent chez ceux qui ont des bateaux et des avions."