Le passage, hier, dans l'enceinte de la Maison de la culture de Souk-Ahras, d'Ali Benflis dans le cadre de sa campagne pour l'élection présidentielle n'aura pas marqué les esprits, loin s'en faut. La population de la ville chef-lieu de wilaya est, au contraire, restée indifférente à la présence furtive dans ses murs de ce premier candidat à la magistrature suprême. Il faut dire que hormis les membres de la famille révolutionnaire, moudjahidine, enfants de chouhada et de moudjahidine ainsi que les représentants des comités de quartiers, qui avaient été avisés de la venue de l'ex-chef de gouvernement à Souk-Ahras, personne ne savait que ce dernier y avait programmé un meeting de campagne. À croire que l'on en a le moins parlé exprès, par crainte d'une action de protestation des irréductibles locaux du hirak qui ont promis et juré de chasser de leur ville tous les candidats qui s'aviseraient de s'y aventurer pour mener campagne. Peine perdue puisque l'information n'a pas échappé à ces derniers, qui ont défié les agents du service d'ordre, présents en force sur les lieux, en prenant à partie Ali Benflis au moment où il s'engouffrait dans la Maison de la culture, où s'est tenu le meeting, aux cris de "Khlitou leblad ya sarraqine" et "Makanch l'vote mâa el-îssaba". Une fois dans la salle, où se pressait un auditoire de quelque 250 personnes tout au plus, Ali Benflis a entamé son discours de circonstance en prenant soin de flatter l'ego des présents en rappelant le passé révolutionnaire et les hauts faits d'armes des combattants de la Base de l'Est, depuis le sacrifice du chahid Badji Mokhtar, tombé au champ d'honneur le 19 novembre 1954 jusqu'à la célèbre bataille d'Oued Echouk, un certain 26 avril 1958. Ce qui lui a valu, bien évidemment, un tonnerre d'applaudissements, surtout que la wilaya se prépare à commémorer avec Guelma et Annaba la mort de son illustre fils. Abordant les principaux volets de son programme, le candidat à la future présidentielle insistera sur la nécessité de réviser le rôle du Parlement pour en faire une institution débarrassée de l'argent sale, légitimement élue et indépendante. Tout comme il promettra de mettre fin à la crise économique que traverse le pays en rationalisant les dépenses et en baissant le budget de fonctionnement de 20% et en récupérant 80% des impôts qui échappent au Trésor public. Il s'engagera également à, si la possibilité lui était offerte, améliorer le climat des affaires, à libérer le foncier industriel, à mettre fin à la politisation de l'activité économique, à lutter contre la bureaucratie et à créer un climat des affaires en favorisant des partenariats entre les investisseurs nationaux et étrangers.