Enthousiasme et responsabilité animent désormais les membres de l'association des fils de chouhada de la daïra de Bouzeguène. C'est en tout cas l'impression que nous avons eue lors de la réunion organisée au centre culturel du chef-lieu. Les représentants des fils de chouhada des communes de Bouzeguène, Idjer, Aït Zikki et Illoula Oumalou étaient tous présents lors de ce rendez-vous historique qui a tiré quelque peu de l'oubli cette frange de la société dont les parents se sont sacrifiés pour que cette terre soit libérée du joug colonial. À l'entame de cette réunion, Achir Mhand, coordinateur de la Cnec, a abordé l'objet de la réunion qui, dit-il, “s'articule autour de la réunification des rangs et pour l'union des forces, non seulement pour la défense des droits légitimes de cette catégorie mais aussi pour l'élargissement du champ d'action à toutes les autres couches de la société qui souffrent autant que nous de chômage et de marginalisation”. Tout en ajoutant : “Il ne faudrait pas que le combat pour lequel les chouhada sont tombés soit ignoré par les générations montantes. Au contraire, nous, en tant que dignes héritiers de ces libérateurs, nous devons semer les graines de Novembre 54, principaux idéaux qui ont guidé et animé nos valeureux chouhada tombés au champ d'honneur pour le recouvrement de l'indépendance nationale.” Et notre interlocuteur de poursuivre : “Nos parents ont donné le meilleur d'eux-mêmes en sacrifiant leur vie pour les nobles objectifs énoncés par la proclamation historique de Novembre 54 et nous demeurons garants pour perpétuer l'esprit de cette grande révolution.” Le coordinateur de la Cnec a mis en exergue la situation douloureuse dans laquelle se débat la frange des fils de chouhada après plus de quarante ans d'indépendance : “Nous sommes prêts à défendre la mémoire et les principes pour lesquels se sont sacrifiés nos parents et tous les patriotes sincères de ce pays, notamment pour la préservation de l'unité nationale et le respect de la justice sociale.” Lors du débat qui a été ensuite ouvert, il s'est engagé, certes, un discours passionné mais surtout à la limite du correct et du respect mutuel. Beaucoup ont relevé l'absence quasi permanente de certains fils de chouhada aux commémorations des fêtes nationales, négligeant l'importance de ce que représente une gerbe de fleurs déposée devant les monuments de mémoire collective. M. Guelal de la section d'Illoula a été très critique et direct : “C'est nous qui devons donner l'exemple durant ces dates historiques et c'est notre mobilisation qui donnera la force à notre organisation et ne pas laisser l'occasion à quiconque de nous dénigrer !” Dans le domaine social les fils de chouhada ne désespèrent pas d'aller de l'avant pour exiger un minimum de prise en charge de leurs problèmes, notamment ceux relatifs au logement. Certains cas de fils de chahid sont très douloureux tels ceux qui ont perdu leurs pères durant la guerre et leurs mères juste quelques années après l'indépendance du pays. Pour ces derniers, seule la loi relative aux filles de chouhada, venue, d'ailleurs tardivement, a permis de soulager cette catégorie. “Les fils de chouhada inclus dans cette catégorie sont très lésés”, a relevé M. Achir. Au terme de la réunion, un programme de restructuration de l'association des fils de chouhada à travers les communes de la daïra a été tracé. Il devra s'achever avant la date du 20 août, Journée nationale du moudjahid. C. Nath Oukaci