Cette exposition qui se poursuit jusqu'au 11 décembre est "en réalité l'avant-projet d'un livre d'art où s'intègrent les photos d'Abouldjalil Djarri qui illustrent les pages de l'assortiment de mes bougies ainsi que mes poèmes". Au temps où l'air des s'tah (terrasses) de la Casbah d'Alger s'encensait de la cire soyeuse qui s'élevait telle une colonne vaporeuse de la houma (quartier) de "chemaïne" à la Basse Casbah, la galerie d'art Mustapha-Kateb s'embaume elle aussi de l'identique effluve de la chandelle de Kamel Belhocine, cet artisan cirier qui moule comme autrefois la bougie. Et au signal d'"Envole toi…" que s'éclaire aussitôt l'Algérie, capitale Alger de Colette Grégoire, dite Anna Greki (1931-1966). Mieux, la flamme de vivre se mue aussitôt en d'hétéroclites chandelles à l'aspect en bâtonnet, oblongues ou carrées où oscillent des lueurs de "bougies dites artistiques" et brochées chacune à son bougeoir. Si tant qu'elles rayonnent d'un clignotement d'éclat au-dessus de l'amas d'érodées pierres de plage alignées au milieu d'un fagotin de rameaux et d'une poignée de pétales de fleurs séchées. Alors, comme pour les travaux manuels à l'école, Kamel Belhocine pétrit, fait et défait l'ébauche jusqu'à obtenir l'indice avant-coureur d'un jet de cire où il y a l'élan qui présage la beauté. "La bougie devient plurielle, présence. La lecture est pluridirectionnelle, multidimensionnelle, multiémotionnelle. Elle s'adjoint à l'environnement et aux différentes phases de la lumière et du jour aussi pour nous étonner et subjuguer tel un arc-en-ciel qui laisse éclater sa joie", a écrit Kamel Belhocine sous le sceau de "l'art est l'expression de soi". D'où qu'il est difficile de situer ou de hiérarchiser Kamel Belhocine dans l'art, eu égard à l'intrigue qui guide son talent inné dans l'univers de la versification et le moulage de figurines en cire. "Mes bougies sont moulées puis nuancées et parées avec ce que j'ai à portée de main, telles des brindilles, des bouts de corde et des plantes séchées", a expliqué l'artiste. Habile pour s'être instruit à l'école de l'autodidactie, ce pharmacien de bled Sidi Rached façonne la cire dès l'instant récréatif que lui concèdent ses éprouvettes de laborantin. "En façonnant des bougies, j'essaie de leur donner vie et faire ressortir les non-dits et les secrets enfouis au plus profond de leur cire transparente, pure, limpide", écrit encore le poète Kamel Belhocine. Si tant que l'espace Mustapha-Kateb s'harmonise à un chandelier près duquel se grêle le recueil de vers qu'il a compilés sous l'intitulé Ascension chromatique. "L'exposition est en réalité l'avant-projet d'un livre d'art où s'intègrent les photos d'Abouldjalil Djarri qui illustrent les pages de l'assortiment de mes bougies ainsi que mes poèmes", a-t-on su de ce "chemaâ" (ciergier). Figurines mais pas anonymes, chaque bougie s'énumère d'un nom labellisé à notre patrimoine tel que "Tassili : parois parlantes", où le poète leur octroie un nuancier de sa palette, il extrait de la bougie cette vitalité et l'énergie pour qu'elle enlumine ce qui est fructueux. Voire l'utile qu'il n'y a pas chez les esprits dits bien-pensants. C'est fou ce que recèle une bougie que l'on retire malheureusement et momentanément du placard qu'au moment où il y a coupure de courant… Allez-y donc voir l'expo de la bougie qui reste allumée jusqu'au 11 décembre.