Les archs se prononceront prochainement sur la charte amnistiante, après consultation des délégués. La Coordination des archs, daïras et communes (CADC) a organisé, jeudi après-midi, un meeting à la salle Ibn-Khaldoun, à Alger, à la veille de la commémoration du 49e anniversaire du Congrès de la Soummam. “À travers cette rencontre, nous voulons donner une image de l'Algérie de demain. Nous continuerons le combat jusqu'à l'aboutissement de toutes nos revendications citoyennes”, a déclaré Belaïd Abrika, le porte-parole de la délégation du mouvement toujours en négociation avec le gouvernement. Ce dernier a déploré “l'amnésie de certains”, rappelant la situation difficile de 2001 et son lot de sang et d'emprisonnements de jeunes en Kabylie. “Nous avons accepté le dialogue après une invitation officielle et après concertation de la base et de la population”, a souligné Abrika, précisant qu'il s'agit d'un dialogue autour de la plate-forme d'El-Kseur. Il a également énuméré les “acquis arrachés” par son mouvement, dont la libération des jeunes détenus, y compris ceux du Sud, l'ouverture du “dossier des martyrs et des blessés” par la justice et le jugement du gendarme qui a tiré sur Massinissa Guermah. “Ces acquis sont pour toute l'Algérie”, a soutenu le porte-parole, en ajoutant : “La citoyenneté, c'est l'implication de toutes et de tous pour un sort commun, pour que l'Algérie démocratique et républicaine vainque demain.” À propos de tamazight, il a indiqué que “le principe de son officialisation est arrêté définitivement” et qu'il reste seulement à régler “les voies et moyens pour l'officialiser”. “L'avenir de tamazight est entre nos mains, entre les mains des spécialistes et de tous ceux qui veulent la promouvoir”, a noté l'intervenant, non sans rappeler le caractère “obligatoire” de l'enseignement de cette langue dans les écoles, à partir de cette année. Pour ce qui concerne “la paix et la stabilité” en Algérie, allusion faite à la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, Abrika a estimé qu'elle exige “l'implication de tous”. “Nous allons consulter nos structures et nous agirons dans l'intérêt de l'Algérie”, a-t-il affirmé, en faisant deux précisions, à savoir que “la paix se construit” et que le mouvement des archs est “contre l'impunité”. Parmi les autres intervenants trois invités : Hafid Yaha, combattant de la guerre de Libération nationale, et Abdeslam Abdenour, “l'une des rares personnes ayant dénoncé que la question de tamazight passe par référendum”, ainsi qu'un neveu de Abane Ramdane. Le premier a mis en exergue “le lien” existant entre le mouvement national et le mouvement citoyen. “Beaucoup d'Algériens ne savent pas ce que c'est le nationalisme, mais ils savent ce que veut dire la hogra”, a déclaré Si Hafid, en dénonçant plus loin la condition féminine dans notre pays. Abdeslam Abdenour a applaudi au sens de “l'honneur” de la Kabylie et au dialogue initié avec les pouvoirs publics, estimant que celui-ci n'est rien d'autre que “la continuité du combat”. Quant au neveu de Abane Ramdane, il a appelé à la “réhabilitation” du grand combattant en proposant sa statue à la place des Martyrs. “Nous resterons un peuple ingrat tant que nous laisserons les restes (ossements) de Abane Ramdane en terre marocaine. Nous voulons qu'il revienne dans sa terre nationale pour laquelle il s'est sacrifié”, a-t-il aussi soutenu. Un travail pédagogique, aux relents de campagne, a été tenté lors de la manifestation par certains délégués du mouvement, notamment, par Da Boussaâd Kaci. Ce dernier a expliqué que les concepts de “arouch”, “arch” et “douar” ont le même sens et leur prononciation diffère d'une région à une autre. “L'Algérie est riche et variée. Il n'y a qu'une seule Algérie, un seul drapeau”, a-t-il indiqué en brandissant l'emblème national. Un autre délégué, Khoudir Benouareth, a appelé à une meilleure structuration du mouvement citoyen. “Organisons-nous, a-t-il dit, pour mieux nous défendre.” Des critiques ont en outre été adressées à des partis politiques et à une “certaine presse” en particulier par les délégués Rachid Allouache et Mustapha Mazouzi. Celui-ci a reproché au RCD de “continuer” à présenter la CADC comme “une bande d'Abrika”. Plus acerbe envers le FFS qui “est en train de faire de l'agitation”, Mazouzi a révélé que les militants de la formation d'Aït Ahmed ont fini par “remettre les clefs” des APC et “sont en train de préparer des listes pour participer aux élections” partielles. Quant à certains journaux, il leur a reproché de parler d'une “tendance dialoguiste”. “Nous ne sommes pas une aile, nous sommes un grand mouvement. Les Algériens doivent savoir que le mouvement citoyen n'est pas divisé et que nous ne sommes pas une clientèle du pouvoir”, a-t-il annoncé. Le meeting de la CADC a rendu hommage à Hachemi Chérif, le leader du MDS, décédé récemment à la suite d'une longue maladie, ainsi qu'à la liberté de la presse et à Mohamed Benchicou, le directeur du quotidien Le Matin incarcéré à la prison d'El-Harrach. “Nous revendiquons toujours la libération de Benchicou”, a déclaré Abrika. Les délégués du mouvement citoyen ont annoncé le déplacement d'une “caravane de sensibilisation” dans l'ensemble des wilayas du pays pour “expliquer son combat et promouvoir la démocratie”. Les archs s'attelleraient à “faire la jonction” entre les plates-formes de la Soummam et d'El-Kseur. C'est à la Coordination intercommunale de Béjaïa que reviendrait la préparation de l'anniversaire du 20 Août, qui se tiendra à Ifri. HAFIDA AMEYAR