Des sources proches de l'entourage de l'homme fort de l'Est libyen ont affirmé, que "Haftar ne signera pas cet accord tant qu'un calendrier concernant la dissolution des milices n'est pas fixé". Le controversé général libyen Khalifa Haftar est rentré hier matin à Benghazi sans apposer sa signature au texte de l'accord sur un cessez-le-feu en Libye, proposé par le duo russo-turc à Moscou lundi, affirmant avoir besoin de deux jours supplémentaires pour des consultations locales, a assuré hier après-midi le ministère russe de la Défense dans un communiqué repris par l'agence de presse russe Interfax. Mais des sources proches de l'entourage de l'homme fort de l'Est libyen ont affirmé, sous le couvert de l'anonymat à des médias moscovites, que "Khalifa Haftar ne signera pas cet accord tant qu'un calendrier concernant la dissolution des milices n'est pas fixé", expliquant que "c'est ce point qui pose problème". "Le principal résultat de la réunion a été la conclusion d'un accord de principe entre les belligérants pour maintenir et prolonger indéfiniment la cessation des hostilités", a expliqué le ministère russe de la Défense, comme pour se consoler de ce qui peut être considéré comme un échec de la rencontre de Moscou entre les parties libyennes, sous médiation russe et turque, dont l'implication dans la guerre en Libye est de plus en plus forte. Réagissant à ces développements, le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé Haftar d'avoir fui Moscou, après avoir dit "oui" pour l'accord sur le cessez-le-feu. "Nous avons déployé beaucoup d'efforts dans le cadre de l'initiative lancée par la Turquie et la Russie. Hier, lors des pourparlers à Moscou, le gouvernement de Tripoli a fait preuve d'une position constructive, cependant le putschiste Haftar n'a pas voulu signer l'accord de cessez-le-feu", a-t-il déclaré. "Haftar a d'abord dit "oui" et puis "non" avant de fuir Moscou sans signer, malheureusement. Nos collègues ont mis leurs signatures, nous avons fait notre partie, le reste est dans le camp de M. Poutine", a-t-il déclaré, cité par Sputnik. "Nous n'hésiterons pas à donner à Haftar la leçon qu'il mérite s'il poursuit ses attaques", a déclaré M. Erdogan dans un discours devant les députés de son parti. Lundi soir, le président du Gouvernement libyen d'union nationale (GNA), Fayez al-Serraj, a signé le texte exigeant une cessation des hostilités et un retrait des forces de Haftar des alentours de la capitale Tripoli, où il mène une opération militaire meurtrière depuis le 4 avril 2019, provoquant plus de 2000 morts et plus de 100 000 déplacés. Ceci sans compter le nombre important de blessés et les dégâts matériels que ses raids ont causés. Dans une interview à la chaîne de TV libyenne Libya al-Ahrar, le président du Conseil d'Etat libyen, Khaled al-Mechri, a averti : "S'il (Haftar, ndlr) refuse de signer, (...) nous allons commencer à attaquer les positions qu'il contrôle." Sur le terrain, malgré la trêve annoncée dimanche par Khalifa Haftar, la situation demeure tendue à Tripoli, où une violation de ce cessez-le-feu a été enregistrée, selon la presse locale. Les forces du GNA ont indiqué, lundi soir, avoir repéré des "mouvements de troupes et un déploiement" de forces supplémentaires pro-Haftar au sud de la capitale, selon leur porte-parole Mohamad Gnounou. Sur une de leurs pages facebook, les pro-Haftar ont affirmé hier qu'ils étaient "prêts et déterminés à obtenir la victoire", sans autre détail.