Depuis l'arrestation, en mars 2019, du président du conseil d'administration de l'USM Alger, Ali Haddad, le club navigue à vue. Propriété du groupe ETRHB depuis 2010, la SSPA-USMA (société sportive par actions) s'est retrouvée au fil des années, en raison d'une gestion opaque et désastreuse, lourdement endettée (près de 300 milliards de centimes), ce qui aurait dû engendrer du reste sa mise en faillite. Pis encore, financé majoritairement par la société mère ETRHB, dont l'apport était automatiquement transformé en dettes dans la SSPA-USMA, le club a vu ses comptes asséchés et bloqués par les pouvoirs publics dans le cadre des mesures prises contre le groupe. Du coup, le personnel, notamment les joueurs, ne sont que sporadiquement payés. Les jeunes catégories sont carrément délaissées. La direction actuelle, menée par le nouveau président du CA, Boualem Chendri, trouve même des difficultés à faire face aux besoins immédiats de l'équipe senior. Celle-ci a même failli déclarer forfait en coupe d'Afrique. Contrainte de vendre ses parts dans la société (92%), la famille Haddad ne trouve toujours pas un ou des repreneurs. Sonelgaz et Hayat Petroleum ont été cités comme potentiels repreneurs, mais rien n'a été concrétisé en raison des ennuis judiciaires du propriétaire. Ali Haddad, ex-président du FCE, parvenait en son temps, grâce à sa position au sommet de l'Etat, à arracher des contrats de sponsoring avec de puissants groupes, à l'image de Djezzy, Kia et Sonelgaz, mais désormais cette source s'est tarie. Les observateurs s'interrogent d'ailleurs sur le sort de ces revenus faramineux de sponsoring amassés en près d'une décennie, sans que le niveau actuel d'endettement de l'USMA ne soit diminué. Quel rôle pour l'administrateur désigné par l'Etat ? Enigmatique. En outre, les joueurs ont fait grève pour réclamer leur dû. Malgré l'arrivée d'un nouveau sponsor, Serport, les difficultés sont toujours là. Cela s'est bien entendu répercuté sur les résultats techniques de l'équipe A, éliminée de la Ligue des champions d'Afrique et distancée en championnat à la suite de plusieurs revers consécutifs. Un net recul pour le champion d'Algérie sortant. Pourtant du point de vue réglementaire, la mise sous tutelle par l'Etat du groupe ETRHB implique que la gestion de l'équipe de football est désormais du ressort de l'administrateur. Or, le premier gestionnaire qui avait été installé par l'Etat ne s'est aucunement intéressé au dossier de l'USMA. Il a laissé la famille Haddad par le truchement de Chendri continuer à faire la pluie et le beau temps, sans que personne trouve à redire. L'épisode du forfait en championnat contre le MCA et la gestion anarchique de l'effectif renseignent on ne peut mieux sur le fait que la famille Haddad continue à influencer les décisions du CA de l'USMA. Cependant, depuis quelques jours, un nouvel administrateur a été désigné par l'Etat. Il a pour mission de redresser la barre dans les différentes filiales du groupe ETRHB, dont la SSPA-USMA. Le comité de sauvegarde de l'USMA, formé d'anciens joueurs et dirigeants du club, est déjà monté à maintes reprises au créneau pour réclamer la mise à l'écart de l'actuel conseil d'administration, coupable de continuer à appliquer les orientations de la famille Haddad. Ce comité a déjà suggéré "le règlement du dossier de la SSPA-USMA, à savoir l'instruction de la DJS d'Alger pour organiser une AGEx du CSA/USMA en application de l'article 8 du décret exécutif n°15-74 du 16/2/2015, l'ordonnancement des opérations d'audit de la SSPA et du CSA/USMA, la fin de mission des organes actuels de la SSPA-USMA (AG et CA) en concertation avec l'administrateur du groupe ETRHB, la désignation et l'installation du nouveau directoire qui aura la responsabilité de la gestion de la période de transition (en concertation avec l'administrateur du groupe) et la définition, en concertation avec l'administrateur, des missions et de la durée du mandat à confier au directoire". Aux dernières nouvelles, les joueurs s'apprêtent à lancer un nouveau mouvement de grève, au moment où les pouvoirs publics et la direction actuelle sont incapables de proposer des solutions pour une sortie de crise.