Compte tenu de tous les biens que ses membres ont acquis en si peu de temps, le représentant du ministère public a estimé dans son réquisitoire la famille Hamel comme une association de malfaiteurs. Le représentant du ministère public n'a pas été tendre dans son réquisitoire contre l'ancien directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel. Hier, au 4e jour du procès de l'ex-DGSN, le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed d'Alger a requis une peine de 20 ans de réclusion contre Abdelghani Hamel, poursuivi, pour rappel, pour "blanchiment d'argent, incitation de fonctionnaires pour l'obtention d'indus avantages, non-déclaration de patrimoine et enrichissement illicite". Dans son réquisitoire, le procureur de la République a estimé qu'"on ne peut construire tout cet empire avec un salaire de 480 000 DA mensuel", dans une allusion au salaire de l'ex-DGSN, demandant ainsi la confiscation de tous les biens en son nom, ceux transférés aux tiers et la récupération de tous les fonds se trouvant dans ses comptes bancaires. Il a ajouté que "la mauvaise utilisation de la fonction ouvrait toutes les voies pour s'enrichir d'une manière illicite". Après Abdelghani Hamel, le procureur a demandé également une peine de 20 ans de réclusion contre le fils aîné de l'ex-président d'Interpol, Ameyar, 15 ans de prison ferme contre chacun des trois autres enfants Hamel, Mourad, Chafik et Chahinaz. Ces peines requises par le parquet sont assorties d'une amende de 8 millions de dinars chacun et la confiscation de tous leurs biens. Une peine de 10 ans de prison a été requise enfin contre l'épouse du général Hamel, Mme Annani Salima, assortie de 8 millions de dinars d'amende, avec en sus, la confiscation de tous ses biens. Le procureur a qualifié les agissements de la famille Hamel à ceux "d'une association de malfaiteurs". Le parquet a requis, également, 10 ans de prison contre l'ancien wali d'Oran, Abdelghani Zaâlane, assortis de 8 millions de dinars d'amende. 15 ans de prison ont été requis contre l'ancien wali de Tipasa, Moussa Ghellaï et 8 millions de dinars d'amende. 10 ans contre Mohamed Rehaïmia, ancien P-DG de l'OPGI, assortis d'un million de dinars d'amende. 12 ans de prison ont été requis contre l'ancien wali de Tlemcen, Bensebane Zoubir, et 8 millions de dinars d'amende. 10 ans de prison ferme et 8 millions de dinars d'amende ont été requis contre Abdelmalek Boudiaf, ancien wali d'Oran, 10 ans de réclusion ont été demandés par le procureur contre Ali Bouamrirène, ancien directeur des domaines de Tipasa, assortis d'un million de dinars d'amende. Des peines allant de 2 à 8 de prison ferme ont été requises contre les autres accusés. À noter également que contre les personnes morales impliquées dans cette affaire, le procureur de la République a requis une amende de 32 millions de dinars avec la confiscation de tous les biens et les fonds. "Atteinte à l'image de l'armée" Hier, dans la matinée, la juge du tribunal a entendu dans cette affaire l'ancien Premier-ministre, Abdelmalek Sellal. Dans son témoignage, Sellal a souligné qu'il avait appelé le ministre des Finance concernant l'octroi du terrain aux fils Hamel à Magtaâ Kheira pour leur projet d'usine pharmaceutique appelée AMC Pharma. "J'ai demandé au ministre d'appliquer la loi si ce terrain se trouve dans une zone d'extension touristique ou s'il s'agit d'une terre agricole", a-t-il dit. Face à lui, le procureur lui rappelle qu'une note émanant du Premier ministère demandait au ministre de l'Intérieur d'intervenir et d'annuler la décision du tribunal administratif qui a conclu à la nullité de la concession. "Je n'ai jamais vu cette directive", a répondu Sellal, avant de demander à la juge si son témoignage "est suffisant" pour ne pas se présenter aujourd'hui devant la justice. Ce que la juge a concédé. Après Sellal, c'était au tour des avocats de la partie civile de prendre le relais. Les deux représentants du Trésor public n'ont pas mâché leurs mots en accusant Abdelghani Hamel d'avoir "porté atteinte à l'image de l'Armée nationale digne héritière de l'ALN". Dans leurs plaidoiries, ils ont énuméré tous les biens des Hamel. Ainsi, selon les deux avocats du Trésor public, les Hamel détiennent 61 biens immobiliers, répartis comme suit : 24 à Alger, 25 à Oran, 1 à Sétif, 1 à Aïn Témouchent, 5 à Tlemcen et 5 à Tipasa. Ils détiennent également 24 sociétés ainsi que 135 comptes bancaires en monnaie nationale et en devise. "Le préjudice matériel causé par ces agissements équivaut à 500 millions de dinars que le Trésor réclame comme dédommagement", ont plaidé les avocats, estimant que pour le "préjudice moral causé au Trésor et au peuple algérien, nous réclamons 100 millions de dinars de dédommagement". "C'est une première dans les annales de la justice algérienne", ont estimé les représentants du Trésor, considérant que c'est la première fois que "toute la famille du premier responsable d'un service de sécurité est poursuivie pour des faits contre lesquels le père était payé pour les combattre". À noter que les plaidoiries de la défense ont commencé hier. Elles se poursuivront aujourd'hui.