Les pertes subies par les opérateurs en raison du coronavirus devront bénéficier d'une prise en charge lors de l'élaboration de la loi de finances complémentaire. Réduction de 30% des dépenses de fonctionnement de l'Etat, compression des importations de 41 à 31 milliards de dollars et accélération des opérations de recouvrement des impôts et des créances bancaires. Telles sont en substance les mesures d'urgence décidées hier par le Conseil des ministres pour faire face aux graves répercussions de la chute drastique des prix du pétrole sur la situation financière du pays. Ainsi, selon un communiqué officiel diffusé par l'agence APS, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a d'emblée fait part au Conseil des ministres de sa décision de "reporter l'examen du projet de loi de finances complémentaire", prévu initialement pour hier, et ce, "jusqu'à évaluation des répercussions des mesures financières prises au niveau du gouvernement, ainsi que l'évolution de la situation dans le monde", a-t-il précisé. En attendant, plusieurs mesures d'urgence "à mettre en œuvre dans l'immédiat" ont été arrêtées pour faire face à l'effondrement des prix du pétrole, à savoir : une réduction du montant de la facture d'importation de 41 à 31 milliards de dollars ; une coupe de l'ordre de 30% dans les dépenses du budget de fonctionnement, "sans toucher les charges et salaires", ainsi que "l'arrêt de la conclusion des contrats d'études et de services avec les bureaux étrangers, ce qui épargnera à l'Algérie près de 7 milliards de dollars par an", selon le communiqué du Conseil des ministres. Dans le même contexte, le président de la République a également décidé de geler le lancement des projets inscrits ou en cours d'inscription et dont la réalisation n'a pas encore été entamée, "à l'exception des projets prévus pour les zones d'ombre" et de celui relatif à l'étude de réalisation d'un hôpital anti-cancer à Djelfa. Parallèlement, il a été annoncé lors de la même réunion, un maintien des dépenses relatives au secteur de la santé, "tout en renforçant les moyens de lutte contre la propagation de l'épidémie de coronavirus et des maladies épidémiques en général". De même, les dépenses liées au secteur de l'éducation seront maintenues à leur niveau actuel, tandis que la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach devra "réduire, de 14 à 7 milliards de dollars, ses charges d'exploitation et ses dépenses d'investissement, afin de préserver les réserves de changes", note encore le communiqué du Conseil des ministres. S'agissant par ailleurs des pertes subies par les opérateurs économiques, en raison de la propagation de la pandémie de coronavirus, il est décidé d'assurer leur prise en charge lors de l'élaboration de la loi de finances complémentaire pour 2020. S'ajoutent à ces différentes mesures destinées à amortir les conséquences de la crise pétrolière, la consigne donnée hier au gouvernement par le président de la République de veiller à "accélérer le recouvrement des impôts et des crédits octroyés par les banques publiques", ainsi que la priorisation pour le secteur de l'agriculture de l'investissement dans les produits agricoles assurant la sécurité alimentaire du pays, dont notamment les filières céréalières et celles à même de couvrir les besoins nationaux en sucre et en huile.