Dans une pétition lancée hier, une soixantaine de signataires ont, en soulignant l'offre de "trêve sanitaire" du hirak, dénoncé la dérive totalitaire du régime. Ils ont, d'abord, rappelé la position responsable du mouvement populaire de suspendre temporairement les marches hebdomadaires à partir du 20 mars 2020, dont l'objectif est d'"unir les forces de la nation pour arrêter la propagation du coronavirus". Toutefois, les signataires de la pétition ont relevé que "le régime a réagi en intensifiant sa campagne hostile contre le mouvement et ses symboles, notamment en demandant à son bras judiciaire de se conformer aux ordres du téléphone". Et de citer en exemple la condamnation de Karim Tabbou en son absence suite à un malaise qui a nécessité son transfert urgent à l'infirmerie de la Cour, la campagne d'arrestations qui a été menée à l'encontre des militants du mouvement, tels qu'Ibrahim Daouadji, Slimane Hamitouche, Samir Benlarbi et d'autres, l'appel contre la relaxe prononcée en faveur de Fodil Boumala, le retard dans le jugement du moudjahid Lakhdar Bouregaâ et de Abdelouahab Fersaoui, président de l'association RAJ, et le mandat de dépôt prononcé contre le journaliste Khaled Drareni. Selon les signataires de la pétition, "tous ces cas soulignent la volonté claire du régime d'exploiter le retrait des Algériens de la rue pour se venger contre des personnalités du mouvement". Et, ajoutent-ils, "la détermination du régime à faire passer son projet de Constitution, à un moment où l'activité politique, électorale et parlementaire connaît une suspension dans le monde entier en faveur de la mise en œuvre des mesures sanitaires, est une preuve supplémentaire de la détermination de l'autorité à poursuivre cette voie et de son entêtement à ignorer les exigences des Algériens". Les signataires, qui se disent "profondément préoccupés par la sécurité sanitaire" de nos citoyens et "solidaires avec leurs revendications pour la liberté et l'établissement d'un Etat de droit en Algérie", ont fermement condamné "les actions téméraires du régime et exigé qu'il assume ses responsabilités envers les citoyens dans la gestion de la crise actuelle". Aussi, ils ont exhorté les Algériens au respect des instructions relatives aux obligations de confinement émises par le personnel médical et paramédical, de "s'abstenir de répondre aux provocations du régime qui entend à travers ses comportements pousser les citoyens à se révolter dans la rue, dans le but de se blanchir et de s'innocenter de la catastrophe sanitaire actuelle" et à "la vigilance afin de faire face aux manœuvres du régime militaire qui donne des coups de poignard dans le dos, profitant de la période de trêve pour marquer des objectifs politiques en situation de hors-jeu". Ils ont, enfin, appelé au "maintien, par tous les moyens sécurisés qui ne menacent pas la santé publique", de la flamme du hirak et à la préparation pour le retour des marches populaires une fois la pandémie de Covid-19 terminée.