En attendant de connaître le sort réservé aux dizaines de détenus d'opinion, dont Karim Tabbou, Fodil Boumala, Abdelouahab Fersaoui, Brahim Laâlami et Nour Elhouda Oggadi, incarcérés dans les prisons des différentes wilayas du pays, le militant et activiste Samir Benlarbi a retrouvé, hier lundi, sa liberté après près de cinq mois de détention arbitraire. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le juge du tribunal de Bir-Mourad-Raïs a prononcé, hier, le verdict souhaité par les militants dans l'affaire de Samir Benlarbi, un des prisonniers les plus en vue du mouvement populaire : l'acquittement. Après donc près de cinq mois de détention arbitraire, l'activiste, arrêté le 16 septembre dernier et placé sous mandat de dépôt le lendemain et poursuivi pour «atteinte à l'unité du territoire national» et «diffusion de tracts susceptibles de porter atteinte à l'intérêt national», a retrouvé la liberté dont il a été privé depuis son arrestation. Au prononcé du verdict qui tranche avec les 3 ans de prison ferme proposés par le procureur, des scènes de joie mêlées à l'engagement et à la détermination des dizaines de citoyens ont eu lieu devant le tribunal, pris d'assaut dès la matinée. La foule a scandé les slogans du mouvement populaire rendant hommage aux détenus qualifiés d'otages du pouvoir, exigeant la libération des autres prisonniers et l'indépendance de la justice, et aux avocats qui se sont constitués bénévolement pour défendre leur cause. Parmi les personnes qui ont fait le déplacement devant le tribunal, on distingue plusieurs anciens détenus. Les avocats ont dénoncé «la détention arbitraire» des détenus d'opinion, condamnant l'injustice qui leur est infligée. Réagissant à la relaxe de Samir Benlarbi, le vice-président de la Ligue algérienne de la défense des droits de l'Homme (Laddh), Saïd Salhi, a évoqué la réparation d'une injustice infligée à des centaines de personnes impliquées dans la révolution citoyenne. «C'est la justice qui reprend ses droits et un signal encourageant pour les autres détenus à qui cette mesure doit s'élargir sans délai, pour qu'ils reprennent leur liberté», a-t-il soutenu. L'ancien président de l'association RAJ, ancien détenu, Hakim Addad, s'est réjoui du rétablissement de la justice en faveur de Samir Benlarbi qui retrouve la liberté après plus de 4 mois de prison. «C'est très cher payé pour une personne qui n'a rien fait d'autre que d'émettre ses opinions. Un droit qui est consacré par tous les textes. Un devoir même. Libérons maintenant les autres détenus et continuons notre Hirak pour libérer l'Algérie et la justice », a-t-il réagi, ému. De la joie et de l'émotion ont été au rendez-vous dans l'après-midi devant la prison d'El-Harrach où une foule nombreuse attendait la sortie du détenu d'opinion, chaleureusement accueilli. Dans ses toutes premières déclarations à la presse à sa sortie de prison, Samir Benlarbi a lancé : «Notre joie ne sera complète qu'avec la sortie de tous les autres détenus», citant les noms de Fodil Boumala, Karim Tabbou, Abdelouahab Fersaoui, Nour Elhouda Oggadi, étudiante de Tlemcen, et Brahim Laâlami, activiste de Bordj-Bou-Arréridj. Le désormais ancien détenu d'opinion a remercié les Algériens qui n'ont cessé d'exiger leur libération ainsi que les avocats engagés pour leur cause. «L'Algérie a besoin de tous ses enfants. Le Hirak doit se poursuivre afin de réaliser ses objectifs dont le premier est de construire un Etat civil», a-t-il lancé aux journalistes qui l'interrogeaient. «Aujourd'hui, le juge a été à la hauteur du Hirak et de la justice. Il a prouvé que nous sommes innocents car on était mis en prison suite à des instructions des décideurs», a-t-il dit. K. A.