La joie de la libération des dizaines de détenus d'opinion jeudi passé n'est pas complète. Parce que d'autres croupissent encore derrière les barreaux et, parmi eux, des figures politiques de premier plan. Il s'agit notamment de la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, le coordinateur de l'Union démocratique et sociale (USD), Karim Tabbou, Fodil Boumala, Samir Benlarbi et Abdelwahab Fersaoui, président de l'association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ). Mais également une centaine d'autres détenus arrêtés pendant les manifestations de vendredi. Louisa Hanoune est condamnée par le tribunal militaire à 15 ans de prison ferme pendant que les autres sont en attente d'un procès depuis des mois. Leur maintien en détention est jugé arbitraire tout comme leur arrestation. C'est pour cela que de nombreuses personnalités du monde politique, des universitaires, des défenseurs des droits de l'homme et des intellectuels exigent qu'il soit mis fin à leur calvaire carcéral. Dans un texte rendu public hier, les signataires exigent «la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers politiques et les détenus d'opinion entre les mains du régime». Ils réclament également «l'abandon de toutes les poursuites judiciaires à leur encontre et à l'encontre de ceux qui ont été libérés». Outre les vétérans de la Guerre de Libération nationale, à l'instar de Lakhdar Bouregaâ, qui vient de sortir de prison lui aussi, Zohra-Drif Bitat, l'ancien condamné à mort Abdelkader Gerroudj, Myriam Benhamza, figurent également parmi les signataires le président du RCD, Mohcine Belabbas, Ali Laskri, membre de l'instance présidentielle du FFS, la présidente de l'UCP, Zoubida Assoul, le coordinateur national du MDS, Fethi Gharas, le secrétaire général du PST, Mahmoud Rachedi, le dirigeant du PT, Djoudi Djelloul, le porte-parole du PLD, Moulay Idriss Chentouf, et le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, Noureddine Benissad. A leurs côtés d'autres figures militantes et intellectuelles influentes. Comme, Djamel Zenati, leader historique du Mouvement culturel berbère, Saïd Khelil, ancien dirigeant du FFS, les défenseur des droits de l'homme, Mokrane Aït Larbi, Mustapha Bouchachi, Boudjemaa Guechir, l'avocate Nabila Smail, Abdelghani Badi et Aissa Rahmoun. Connu pour son implication dans la révolution démocratique en cours dans le pays, le sociologue Nacer Djabi a joint aussi son nom à ceux des signataires, tout comme le célèbre journaliste Hafid Derradji et l'écrivain Amin Zaoui. Beaucoup d'autres militants associatifs et journalistes ont également signé l'appel à la libération des détenus politiques. Il faut rappeler que l'emprisonnement massif des militants politiques et associatifs a été opéré sur ordre politique alors que le pays connaît une insurrection citoyenne extraordinaire. Le haut commandement militaire, qui a géré de fait la période qui a suivi la déposition de Abdelaziz Bouteflika, a agi d'une main de fer en ciblant des figures influentes au sein du mouvement populaire dans l'objectif de porter un coup dur à la révolution démocratique.