Devant les ravages que provoque la pandémie de coronavirus sur la demande d'or noir et le désaccord entre les grands leaders du marché pétrolier sur une réduction de la production, les prix du pétrole ont commencé la semaine en forte baisse hier, avec un baril de Brent touchant un niveau plus bas depuis plus de 17 ans. En fin de matinée (11h30, heure algérienne), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai valait 22,89 dollars à Londres, en baisse de 8,18% par rapport à la clôture de vendredi, peu après avoir atteint 22,58 dollars, un niveau plus vu depuis la fin de l'année 2002. À New York, le baril américain de WTI pour mai perdait 4,88%, à 20,46 dollars, après avoir fait une incursion sous la barre des 20 dollars. Depuis le début de l'année, les deux cours de référence ont quasiment été divisés par trois. La demande de brut subit de plein fouet la crise sanitaire et les mesures drastiques mises en place par les Etats pour enrayer la propagation du virus, limitant très fortement les déplacements des marchandises et des personnes. Selon les analystes de JBC Energy, cités par des agences de presse internationales, "cela reflète simplement la prise de conscience croissante que la demande de pétrole est en train de s'effondrer, probablement de beaucoup plus que les 20% que nous avions prévus pour avril et mai". En temps normal, 100 millions de barils de pétrole sont consommés chaque jour à travers la planète. Analystes et courtiers estiment qu'un quart de cette quantité a disparu en l'espace de seulement quelques semaines. L'effondrement du transport aérien commercial a réduit la consommation de kérosène jusqu'à 75%, soit l'équivalent de près 5 millions de barils par jour. Les prix pourraient baisser tant que les producteurs n'auraient pas réagi à la perspective de voir les capacités de stockage pleines partout dans le monde. "Plus leur réaction prendra de temps, plus il y aura de risque d'une nouvelle chute des cours", a estimé Stephen Innes, expert chez AxiCorp. La solution réside donc dans la réduction de l'offre. Outre la destruction de la demande, les marchés du pétrole ont également été fortement impactés par la guerre des prix entre l'Arabie Saoudite et la Russie, qui inonde les marchés d'une offre supplémentaire. L'Algérie, qui assure cette année la présidence tournante de l'Opep, a introduit une requête auprès de cette dernière, appelant le Conseil de la Commission économique à tenir une réunion au plus tard le 10 avril. Une requête qui intervient après celle de l'Irak. Cependant, les pays de l'Opep n'ont toujours pas fixé une date pour la réunion prochaine. Pis encore, un responsable du ministère de l'Energie saoudien a déclaré, vendredi dernier, que le royaume n'était pas en pourparlers avec la Russie pour parvenir à un accord pour équilibrer les marchés du pétrole. Jusqu'à présent, la fin de la guerre des prix n'est pas en vue, Moscou et Riyad insistant sur le fait qu'ils peuvent vivre avec les bas prix du pétrole pendant un certain temps. En revanche, aux prix actuels, les conséquences seront lourdes sur les économies des pays producteurs, à l'instar de l'Algérie qui aura toutes les peines à couvrir son budget.