Dès demain dimanche, les commerçants et leurs employés seront tenus de porter des bavettes sous peine de mesures coercitives. C'est ce qu'a annoncé Kamel Rezig, ministre du Commerce, jeudi à Oran où il a effectué une visite de travail. "Le commerçant doit choisir entre le port du masque de protection et la fermeture" de son établissement pour une durée d'un mois, a-t-il notamment affirmé, indiquant avoir instruit la Direction du commerce de consacrer la journée de ce samedi pour la sensibilisation des opérateurs économiques autour de l'obligation du port du masque dès demain. Au cours de cette visite qui l'a mené au marché couvert de fruits et légumes de Sidi Bachir et au supermarché Ardis, à Bir El-Djir, Kamel Rezig s'est également exprimé sur les catégories de commerces interdits d'ouverture en période de coronavirus (comme les boutiques de pâtisserie et gâteaux traditionnels) mais qui continuent d'activer, en catimini, le rideau à demi-baissé. "Ils risquent la fermeture et des poursuites judiciaires", a-t-il averti. La sortie du ministre du Commerce intervient alors que son homologue de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, évoquait, le même jour depuis Tipasa, la possibilité de généraliser par la force de la loi le port du masque de protection en cas de persistance de la propagation du Covid-19. "Il est possible que le comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie recommande aux autorités l'obligation du port du masque par la force de la loi", a-t-il indiqué en conditionnant toutefois cette mesure par la disponibilité des bavettes. Selon les estimations du ministère de la Santé, l'Algérie a, en effet, besoin de 10 millions bavettes par jour. Abderrahmane Benbouzid avait déjà reconnu la difficulté d'importer cet article, notamment auprès de la Chine dont les besoins sont également importants. D'où l'appel qu'il avait lancé la semaine dernière aux Algériens leur demandant de confectionner des bavettes maison, avec les moyens du bord : un tissu à petites mailles, doublé ou triplé, stérilisé à une température de 60 degrés pendant 30 minutes, suffira au grand public, selon le ministre, qui a également indiqué que le Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie avait élaboré une fiche dans ce sens. Le non-respect par une grande partie de la population des mesures de prévention instaurées depuis la mi-mars (confinement, gestes barrières, distanciation sociale…) et la crainte de l'émergence, toujours possible, de nouveaux foyers de contamination, imposent ainsi de nouvelles mesures de lutte contre la transmission du virus. Et pour les pouvoirs publics, ces nouvelles mesures de précaution passeront nécessairement par la généralisation du port du masque de protection, à commencer par les commerçants qui sont en contact direct et permanent avec les consommateurs. Il reste à savoir si les Algériens seront plus sensibles à cette nouvelle mesure qu'ils ne l'ont été avec les décisions qui ont été prises ces deux derniers mois.