Pour Xavier Mosquet, expert automobile du BCG, "il est probable que les consommateurs mettent du temps à redevenir acheteurs d'automobiles". Le marché automobile mondial a poursuivi sa descente aux enfers en avril et début du mois en cours, s'écroulant, en Europe, de 76,3% sur un an. Rien que cela pour un secteur névralgique affecté par la fermeture des concessionnaires à cause du coronavirus dans de nombreux pays. Sur le marché français, particulièrement touché, les livraisons du groupe Renault (avec Dacia, Lada et Alpine) ont baissé de 79% sur le mois et celles de PSA (Peugeot, Citroën, Opel/Vauxhall, DS) de 81,2%. Selon l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA), seules 270 682 voitures particulières neuves ont été mises sur les routes de l'Union européenne le mois dernier, contre 1,14 million en avril 2019, alors que le début du mois en cours a continué à connaître la même tendance. "Cet effondrement est le résultat de la paralysie du commerce automobile. Le premier mois complet de restrictions liées au Covid-19 a provoqué la plus forte chute de la demande automobile jamais enregistrée" en Europe, a déclaré l'ACEA. Selon les chiffres de cette organisation, tous les marchés ont subi une chute à deux chiffres. "Mais l'Italie (-97,6%), l'Espagne (-96,5%) et la France (-88,8%) ont été parmi les pays les plus durement touchés, pénalisant Renault et PSA, qui réalisent une part importante de leur activité. L'Allemagne a subi un recul un peu moins catastrophique (-61,1%)", a encore indiqué l'ACEA, affirmant que le marché britannique a chuté de 97,3%. En cumul, de janvier à début mai, le recul du marché européen a atteint -38,5%, un retard qui n'a aucune chance d'être rattrapé sur l'année. "On est sur une crise profonde, comparable à celle de 2008-2009, voire pire. On pourrait avoir en Europe une baisse du marché de 22% cette année par rapport à l'an dernier", a déclaré Xavier Mosquet, expert automobile du BCG. Pour cet expert, "il est probable que les consommateurs mettent du temps à redevenir acheteurs d'automobiles". Le numéro un européen Volkswagen a subi une chute vertigineuse de 72,7% de ses livraisons en avril et début mai. Parmi les principaux groupes, le plus faible recul a été enregistré par BMW et Mini à -65,3%, alors que Daimler a perdu 78,8% de ses immatriculations ! De même pour Fiat Chrysler, en cours de fusion avec PSA, qui a subi la plus lourde chute avec -87,7%. Plus pessimiste, Bloomberg-NEF prédit que les ventes de voitures électriques baisseront en 2020. "Cette année, les voitures électriques devraient chuter de 18% à 1,7 million d'unités dans le monde. Toutefois, les voitures essence et diesel plieront davantage à moins de 23%. Au premier trimestre européen, nous avions noté que l'électrique continuait son ascension (+58%), alors que le marché automobile dans sa globalité chutait de 26%. Ainsi, la part mondiale de l'électrique devrait ainsi tutoyer les 3% en 2020", explique Bloomberg-NEF. Pis encore, la motorisation hybride rechargeable sera très minoritaire. "Sa part atteindra à peine 10% en 2040. L'hydrogène, qui sera réservé aux plus gros véhicules, sera visible seulement après 2035, à 4% de parts de marché", ajoute Bloomberg-NEF. FARID BELGACEM