Finalement, les experts tablent sur une brutale chute de plus de 30% au premier trimestre 2020, notamment en Chine. Au moment où la situation devrait se calmer au deuxième trimestre avec une prévision "prudente" d'un retour à la normale, à travers l'évaluation d'éventuels effets de rattrapage de la production, l'expansion du coronavirus à travers la planète a véritablement grippé le marché mondial de l'automobile, mais aussi de la pièce de rechange et des compétitions des sports mécaniques. Les effets sont dévastateurs. Finalement, les experts tablent sur une sous-production de plus de 30% au premier trimestre 2020, notamment en Chine. L'alerte nous vient, cette fois-ci de l'équipementier Continental qui prévoit une production mondiale des trois premiers mois en recul de plus de 10%. Son patron, Elmar Degenhart, est très pessimiste et prévoit une baisse entre 2% et 5% à fin 2020. À la Bourse de Francfort, le titre était en forte baisse de 10,04%. Et la crise liée au coronavirus commence à faire ses premiers pas dans l'activité automobile en Europe. Les constructeurs tablent, en effet, sur une baisse de 2% du marché de l'UE en 2020, une première en sept ans. C'est ainsi que les immatriculations de voitures neuves ont reculé de 11% en février en Allemagne et les commandes de 19%, selon les chiffres des constructeurs. Pour Peter Fuss, analyste du cabinet d'audit et de conseil EY, l'industrie automobile allemande se prépare à des temps difficiles. Même tendance en Italie, où la Lombardie et la Vénétie, les deux principaux foyers de la maladie dans le pays, ont vu les livraisons de voitures neuves chuter d'environ 20%. Selon la Fédération italienne des concessionnaires automobiles (Federauto), "les difficultés de déplacement et les restrictions imposées à l'activité des entreprises ont entraîné une réduction drastique des ventes aux particuliers". En France, la baisse des immatriculations ne fait que commencer pour se limiter à 2,7%, même si les nouvelles commandes ont fléchi de 7%. Dans l'Oise, principal foyer d'épidémie de l'Hexagone, on note un "décrochage" des ventes entre 20% et 30%. Le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) reste prudent sur ses prévisions pour 2020. Le directeur de l'observatoire Cetelem de l'automobile, Flavien Neuvy, dira que "l'épidémie aura un impact car elle génère de l'attentisme et les consommateurs qui se ruent sur les paquets de pâtes ou de farine pour constituer des réserves de précaution ne pensent pas à investir dans un véhicule neuf". Pour Ferdinand Dudenhöffer, expert de l'université de Saint-Gall (Suisse), une chute d'au moins 8% est inévitable et anticipe une baisse de 3% du marché mondial, après moins 6% l'an dernier, soit 7,5 millions de véhicules. Le constructeur français Renault, parmi d'autres, a, lui aussi, évoqué de possibles fermetures d'usines. Quant au patron de PSA (Peugeot-Citroën), Carlos Tavares, il estime que "pour l'instant, nous avons réussi à protéger nos sites européens. Ils tournent à plein régime parce que notre carnet de commandes en Europe est excellent". Mais pour Oliver Zipse, directeur général de BMW, la durée de la crise sera déterminante. En revanche, l'expert automobile du cabinet de conseil en stratégie BCG, Xavier Mosquet, "c'est une conjoncture morose à court terme et c'est très différent de la crise de 2009 qui était plus profonde et que les groupes automobiles avaient abordée en mauvaise santé alors qu'ils sortaient déjà de trois à quatre années très difficiles". Laissant présager une importante onde de choc pour le secteur, la crainte s'oriente aussi vers une pénurie de pièces de rechange venant de Chine et utiles à la production d'usines européennes et aux particuliers. Du reste, les sports mécaniques sont sérieusement impactés, à l'instar des salons de l'automobile et des événements en lieux confinés. À suivre…