Après des mois de réserve, l'ANP rompt son silence. Elle annonce son soutien à la révision constitutionnelle qu'engage le chef de l'Etat. Y compris sur le principe de l'envoi de troupes à l'étranger. C'est lors d'une visite effectuée, mardi dernier, par le chef de l'Etat au siège du ministère de la Défense, que le chef d'état-major par intérim de l'ANP a tenu à rappeler son appui aux réformes politiques actuelles, à commencer par la révision de la Constitution. Pour ne pas laisser de doute sur les positions de l'armée, le général-major Saïd Chengriha a salué la proposition portant révision de la Constitution "tant en ce qui concerne la possibilité d'intervention de l'ANP en dehors des frontières nationales, que de l'équilibre des pouvoirs, des libertés individuelles et des droits de l'Homme". C'est une réponse claire à des écrits qui avancent que l'armée serait opposée à l'idée de pouvoir envoyer des troupes en dehors des frontières du pays. L'idée fait débat et rompt avec la doctrine du pays qui n'envoie pas de troupes en dehors de ses frontières. Les remarques du chef d'état-major de l'ANP ne se limitent pas aux chapitres concernant l'institution militaire. Cela est valable dans le domaine politique puisque la présentation de la mouture de la révision constitutionnelle au débat "est une preuve tangible de la bonne foi des hautes autorités du pays à consacrer le consensus national escompté dans l'élaboration de la loi fondamentale du pays, la Constitution", a-t-il souligné. L'appui de l'armée au chef de l'Etat va au-delà de la révision constitutionnelle. Le chef d'état-major de l'ANP a estimé que "les contours de l'Algérie nouvelle se font de plus en plus visibles grâce à la dynamique positive que connaît le pays dans tous les domaines et sur tous les plans". Il ajoutera que cette dynamique "a rendu espoir à notre peuple et confiance du citoyen en les institutions de son Etat". Il s'est félicité de "la large satisfaction populaire suscitée par les mesures courageuses et urgentes prises en faveur des populations des zones d'ombre en vue d'atténuer leurs souffrances". Face aux critiques qui ciblent l'armée, Saïd Chengriha a rappelé ce qu'il considère comme étant les prérogatives de l'ANP. Il s'est adressé au chef de l'Etat : "Soyez en assuré, monsieur le Président, nous demeurerons fidèles au serment et nous ne ménagerons aucun effort pour que l'ANP demeure, à jamais, une armée unie et unifiée. Une armée pleinement engagée à préserver l'indépendance nationale, à défendre la souveraineté nationale, l'unité et l'intégrité territoriale de la patrie. Une armée attachée à sa doctrine de travailler dans la discrétion avec sagesse et clairvoyance", a-t-il promis. Il a également annoncé l'intention de l'institution de lutter "contre tous les fléaux qui nuisent à la réputation de l'ANP, à l'unité et à la cohésion de ses rangs". En dehors d'un premier discours où Saïd Changriha avait apporté le "soutien" de l'ANP au Président, c'est la première fois que l'institution militaire se prononce sur des sujets politiques depuis l'élection présidentielle du 12 décembre dernier. C'est surtout la première fois que le chef d'état-major avance que son institution travaille "sous la direction du président de la République". Une autre réponse sibylline aux partisans de "l'Etat civil".