"La musique en résilience, entre le live et le digital" est la thématique d'un séminaire en visioconférence, qui a vu la participation d'artistes et acteurs culturels des pays du Maghreb. Dans le cadre du mouvement "RésiliArt" lancé par l'Unesco en avril dernier, un séminaire en visioconférence a été organisé, vendredi, par le bureau de l'Unesco pour le Maghreb, en collaboration avec la fondation Hiba (promotion des arts et de la culture, Maroc). Portant sur l'impact de la crise de la Covid-19 sur la culture, la thématique de cette journée était inscrite sous "La musique en résilience, entre le live et le digital". Avant d'entrer dans le vif du sujet, Karim Hendili, spécialiste du programme culture (bureau de l'Unesco pour le Maghreb), a annoncé la réalité peu reluisante que traverse ce secteur dans le monde. En effet, depuis ces dix dernières années, les aides à la culture sont "très basses", et cette crise sociale et économique a envenimé les choses, car selon une enquête menée auprès des Etats membres de l'Unesco, elle "a montré que 80% des sites du patrimoine mondial sont partiellement ou complètement fermés. Sur 90 000 musées dans le monde, beaucoup d'entre eux n'ouvriront jamais", a indiqué Hendili. Et d'ajouter : "L'impact est majeur, et l'économie créative est plus que jamais malmenée : festivals et manifestations annulés, créations des artistes stoppées ont généré une situation économique "désastreuse"." Composé de trois panels de professionnels (artistes, acteurs culturels, chercheurs ou encore ministres), les intervenants issus d'Algérie, du Maroc, de Tunisie et de Mauritanie ont fait un échange d'expériences sur les problèmes et éventuelles solutions pour sortir ce secteur du gouffre. L'Algérie a été représentée par Salim Dada, secrétaire d'Etat chargé de la production culturelle, qui était membre du panel inscrit sur le thème "Comment impulser la création musicale après la crise ?". À cette occasion, il est revenu sur les consultations réalisées avec nombre d'artistes du pays, initiées dans le cadre des préparatifs de l'atelier consacré au projet de loi sur le statut de l'artiste ; l'accompagnement de ces derniers par le ministère en ces temps de crise, le rôle de l'Onda ainsi que les "prestations de sécurité sociale auxquelles ont droit les artistes et les auteurs". Pour sa part, Imed Alibi (musicien et directeur des journées musicales de Carthage, Tunisie) a soutenu que cette période n'a fait que révéler la "fragilité" de ce secteur dans les pays du Maghreb et en Afrique. D'ailleurs, la pandémie a poussé en quelque sorte à la réflexion sur les "problèmes et solutions". Aujourd'hui, il n'est plus question d'évoquer le "confort" des artistes, mais l'"urgence" de trouver des alternatives sur la rémunération et "comment les aider à survivre". Dans le même sillage, Brahim El-Mazned (directeur et fondateur de Visa for Music, Maroc) et la chanteuse Yousra Mansour (Bab L'blouz), étant intervenu dans le panel "Quel impact de la crise sur le secteur de la musique ?", estiment que pour la relance de ce domaine, il faudrait repenser la centralisation des différentes activités (produites pour la majorité dans les grandes villes), investir dans l'éducation artistique au niveau des écoles, la formation, le partenariat privé-public, la mobilité des artistes (problème de visa)... À travers ces interventions, les différents acteurs ont démontré que le "secteur culturel est très fragile", et que ces pays partagent les mêmes soucis sur le plan du statut de l'artiste, et ce, même s'il y a "une volonté politique" ; aussi sur la nécessité de reconnaître la culture "comme le pilier du développement économique" et l'accompagnement des artistes et acteurs culturels... Ce séminaire a ainsi permis de lever le voile sur cette crise, mais qu'en est-il de la réalité du terrain pour les jours à venir...