C'est hier, en début de soirée, que les avocats de la défense ont achevé leurs plaidoiries dans le procès de l'homme d'affaires et patron de l'ETRHB, Ali Haddad, où sont impliqués, outre les dix ministres, les frères de l'accusé et plusieurs autres cadres de l'Etat. À la fin des plaidoiries, le juge, Abdelaziz Boudiaf, a décidé de mettre le verdict en délibéré pour le 1er juillet. Pour rappel, les accusés, notamment les deux anciens Premiers ministres et les ministres, font face à de lourdes accusations, à savoir "corruption, conflit d'intérêts, dilapidation de deniers publics et mauvaise utilisation de la fonction". Dans son réquisitoire, le procureur de la République avait requis 18 ans de prison contre Ali Haddad et 15 ans de prison ferme contre Ouyahia et Sellal. 20 ans contre Abdeslam Bouchouareb, actuellement en fuite, 12 ans contre Amar Ghoul, 10 ans contre Abdelkader Kadi et les frères Haddad, 8 ans de prison ferme contre Youcef Yousfi, Mahdjoub Bedda, Boudjemaâ Talaï, Abdelghani Zaâlane et Amara Benyounès. Des peines de 5 ans ont été requises contre plusieurs autres anciens cadres de l'administration. Saïd Bouteflika ne sera pas entendu Alors que leurs noms ont été cités par la défense, l'ancien Président déchu et son frère cadet, Saïd, ne seront pas auditionnés. Les avocats, qui ont plaidé, hier, en faveur d'Amar Ghoul, notamment Me Khaled Berghel, n'ont pas manqué de soulever "le caractère éminemment politique" du procès. À son interrogation sur l'absence des Bouteflika, notamment Saïd, le juge du tribunal a souligné, dans sa réponse, que "personne n'a demandé officiellement la présence de Saïd Bouteflika", actuellement en détention à la prison militaire de Blida pour une affaire "de complot contre l'Etat". Me Berghel n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour relever, également, que l'audition par le tribunal a été "décidée par les hautes sphères du pouvoir pour dire aux Algériens que Saïd Bouteflika est en prison". Sur un autre volet, l'avocat a relevé les vices de forme dans une procédure "qui cache mal les intentions politiques" du procès. "Quatre chefs de parti ayant soutenu Bouteflika sont incarcérés", a-t-il dit, ajoutant qu'ils "ont choisi les plus populaires parmi les soutiens de Bouteflika pour les jeter en prison". Me Berghel a également évoqué une "volonté" de régionaliser le problème. "Il se trouve que Haddad et Ouyahia sont issus de la même région, donc, pour certains, c'est la preuve qu'ils ont manigancé." Me Zeguir Moussa, ancien procureur général et avocat de Ghoul, s'est également questionné sur l'absence "du citoyen Abdelaziz Bouteflika au procès". "Tous les ministres disaient qu'ils ont agi selon les orientations du Président, alors, pourquoi ne pas le convoquer ?", a-t-il dit, ajoutant que l'absence du ministre des Finances, qui a donné son aval pour la réalisation de ces projets, pose également problème. Après la défense de Ghoul, c'était au tour de celle de Zaâlane, de Sellal et des cadres de tenter de battre en brèche les arguments du parquet.