La sérénité de l'inhumation a été agrémentée par les youyous qui fusaient de l'extérieur du cimetière. Hier, à l'occasion du 58e anniversaire de l'Indépendance nationale, les restes mortuaires des 24 résistants du 19e siècle de la colonisation française ont été inhumés au carré des martyrs du cimetière El-Alia, à Alger. C'est en présence du président Abdelmadjid Tebboune et de tous les membres du gouvernement, des représentants des officiers supérieurs de l'armée, d'anciens maquisards, des responsables politiques..., que l'hommage a eu lieu. À la hauteur de leur sacrifice, la cérémonie était grandiose. Un moment de recueillement et de fierté devant ces premiers résistants privés de sépultures durant plus d'un siècle et demi. Hier, ces héros ont enfin retrouvé la terre pour laquelle ils se sont sacrifiés. Une terre qu'ils ont irriguée de leur sang. Hier, point de politique. L'heure était au recueillement et à l'hommage à ces héros dont les restes ont été séquestrés, des années durant, au Musée d'histoire naturelle de Paris. Présentés comme des hauts faits de guerre par l'armée coloniale, les restes, principalement les crânes de Cheikh Bouziane, de Mohammed Lamjad ben Abdelmalek, dit Chérif Boubaghla, de Moussa El-Derkaoui, de Si Mokhtar Ben Kouider Al-Titraoui et de ceux d'une vingtaine d'autres héros nationaux, sont inhumés avec honneur et dignité, après une longue bataille politico-diplomatique entre l'Algérie et la France pour obtenir leur restitution. Révélée une première fois en 2011 par l'historien Farid Ali Belkadi, la séquestration des restes de ces résistants qui a débuté en 1880, année durant laquelle le musée parisien s'était doté d'une collection ethnique, a fait réagir les autorités des deux pays. Dès lors, plusieurs associations ont pris le relais pour exiger la restitution des restes des héros algériens. Une commission technique est mise sur pied, et 9 ans plus tard, les martyrs ont retrouvé leur terre natale. Sérénité et reconnaissance Il est 9h au cimetière El-Alia. Tout est fin prêt pour la cérémonie. Un peu plus d'une heure après, le chef de l'Etat arrive pour l'hommage et l'inhumation des restes. Saïd Chanegriha, chef d'état-major, général de corps d'armée, Salah Goudjil, président par intérim du Sénat, Slimane Chenine, président de l'APN, et Tayeb Zitouni, ministre des Moudjahidine, accompagnent le président Tebboune pour un hommage national aux héros. Dans son oraison funèbre, le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a rendu un vibrant hommage au combat libérateur de ces premiers résistants à la colonisation française, félicitant, à l'occasion, "l'aboutissement d'un long processus de rapatriement de ces valeureux résistants à l'invasion française durant le 19e siècle". M. Zitouni a, par la même occasion, passé en revue les différentes étapes de la résistance populaire contre le colonialisme français, depuis la révolte de l'Emir Abdelkader, jusqu'à la glorieuse Révolution du 1er Novembre, en passant par la résistance d'Ahmed Bey, des cheikhs El-Mokrani et Haddad, Lalla Fadhma n'Soumer... La sérénité de l'opération d'inhumation a été agrémentée par les youyous qui fusaient de l'extérieur du cimetière. Des dizaines de citoyens, notamment des femmes, suivaient en effet la cérémonie officielle en hommage aux martyrs. Un moment admirable de gratitude et de reconnaissance au sacrifice suprême de ces résistants qui ont défié la soldatesque française au 19e siècle. Après les hommages qui ont duré plus d'une heure, les agents de la Protection civile ont procédé à l'inhumation des restes mortuaires de ces résistants. Le chef de l'Etat quitte les lieux après avoir procédé à un dépôt de gerbes de fleurs.