Pour le chef de l'Etat, l'édification d'une véritable nouvelle économie passe par le changement des mentalités et la libération des initiatives de toute entrave bureaucratique. Le gouvernement veut tenter de développer de nouvelles sources de revenus qu'il espère pouvoir trouver dans les secteurs des mines et de la pétrochimie. C'est ce qui ressort en substance du "projet de plan de relance économique", examiné avant-hier au cours d'une réunion de travail présidée par le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, et à laquelle ont pris part le Premier ministre et les ministres des Finances, de l'Energie, de l'Industrie et des Mines, du Commerce, de l'Agriculture, ainsi que le ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la Prospective. Lors de cette réunion, le président Tebboune a surtout instruit les ministres d'assurer une "exploitation optimale et transparente de toutes les potentialités et richesses naturelles nationales, à commencer par les mines dont regorge l'Algérie". Il a, à cet effet, "ordonné l'entame de l'exploitation de la mine de fer de Ghar-Djebilet dans la wilaya de Tindouf et du gisement de zinc d'Oued Amizour" dans la wilaya de Béjaïa. L'Exécutif ne donne, cependant, pas de détails sur la façon dont il compte s'y prendre pour atteindre les objectifs de développement de ces gisements miniers. Oued Amizour recèle un potentiel énorme, estimé à 68,6 millions tonnes, et l'Etat a toujours voulu œuvrer à ce que l'on en tire pleinement profit. Les études de faisabilité ont été achevées en 2010 et le site devait être opérationnel en 2013. À ce jour, le projet est toujours bloqué. Et on ne sait pas précisément pour quelles raisons il l'est. Pour ce qui est du gisement de fer de Gara Djebilet, une société chargée de l'étude, de l'exploitation, du transport et de la commercialisation de fer issu de ce site a été créée, il y a plus de deux ans. Mais jusqu'à présent, les choses n'avancent pas. Le président de la République a également mis l'accent sur l'impératif de générer de la valeur ajoutée dans chaque projet, appelant à explorer toutes les terres, y compris les terres rares, aux fins d'amortir la chute des recettes financières de l'Etat. Il a, par ailleurs, instruit le ministre de l'Industrie de présenter les cahiers des charges déjà disponibles lors du prochain Conseil des ministres, et de veiller à optimiser la valeur dérivée du pétrole et du gaz dans l'objectif de tirer le revenu national à la hausse. Pour le président Tebboune, l'édification d'une véritable nouvelle économie passe par le changement des mentalités et la libération des initiatives de toute entrave bureaucratique, la révision des textes juridiques en vigueur et leur adaptation à une logique économique et non en fonction de pratiques conjoncturelles. L'Exécutif réaffirme, du reste, qu'il ne se départira pas de sa politique sociale, en veillant à la préservation du pouvoir d'achat des citoyens, notamment des couches sociales défavorisées. Par ailleurs, le président Tebboune a affirmé que la mouture finale de ce projet de plan de relance socioéconomique sera présentée aux opérateurs économiques, une fois approuvée en Conseil des ministres. Il a ajouté qu'il s'agit d'une "feuille de route", avec des délais de mise en œuvre, et qu'elle fera l'objet d'évaluation à l'expiration de ces délais. Au terme de cette réunion de travail, il a appelé les ministres concernés à entamer immédiatement, sous la supervision du Premier ministre, la recherche des mécanismes efficaces à même de réduire, à court terme, les dépenses inutiles et d'augmenter les revenus à travers l'encouragement de la production nationale, la généralisation de la numérisation, la lutte contre l'évasion fiscale, le gaspillage et la surfacturation. Le projet de plan de relance dont il est question semble inspiré par l'urgence de redresser la très difficile situation financière du pays et de redonner un élan nécessaire à l'économie, très impactée par les crises pétrolière et sanitaire. Aujourd'hui plus que par le passé, les sources de revenus liées à l'exportation des hydrocarbures sont devenues de plus en plus précaires, rendant l'économie nationale encore plus vulnérable qu'avant aux fluctuations des cours du marché, et créant ainsi un écart, de plus en plus grand, entre les recettes et les dépenses de l'Etat. Par ce plan de relance, le gouvernement espère parvenir à corriger cette situation, avant que sa marge de manœuvre ne soit complétement annihilée.