La décision prise par les pouvoirs publics d'autoriser la reprise de certaines activités ne semble pas avoir permis aux commerçants de sortir la tête de l'eau, du moins dans la wilaya de Tizi Ouzou où, plus d'un mois après le déconfinement total, nombre d'entre eux, notamment les propriétaires de cafétéria et de restaurant, sont toujours fortement impactés par la crise sanitaire. Leur activité étant réduite à la vente de produits à emporter, les restaurants et les cafétérias ne parviennent même pas à faire face à leurs charges quotidiennes. "La situation n'est plus la même. J'écoule moins de 2 kg de sardines par jour et moins de 6 baguettes de pain ! D'ailleurs, j'ai décidé de fermer dès cette semaine car ce n'est plus rentable", témoigne un restaurateur spécialisé dans la sardine, exerçant à la rue de la Paix, au centre-ville de Tizi Ouzou. Selon ce commerçant, d'autres mesures de nature à permettre aux commerçants de meilleures conditions de travail, sans toutefois prendre le moindre risque sanitaire, auraient pu être envisagées. "Si on nous avait laissé travailler avec un seul client par table, nous aurions pu sauver notre activité. Cela reste juste une proposition, mais à ce rythme, nous préférons plutôt baisser rideau", a expliqué notre interlocuteur non sans ajouter avec une touche d'ironie : "J'ai un frère, aussi restaurateur, qui, pour la journée d'hier, a écoulé un seul plat et une cuisse de poulet ! C'est pour vous dire que les commerçants, et surtout les restaurateurs, vont mal." "Je suis contraint de réduire mon effectif de plus de la moitié car je n'ai plus les moyens de les payer", témoigne un autre restaurateur non sans rappeler le coup dur et insupportable déjà subi durant toute la période du confinement. "Alors que nous n'avons pas travaillé depuis le mois de mars dernier, nous sommes obligés de nous acquitter normalement du loyer, de nos factures d'électricité, de nos impôts et de notre assurance." De leur côté, les gérants de café aussi se plaignent de l'impact de la crise sanitaire sur leur activité. "Notre activité a été réduite à vendre des cafés à emporter, ce qui n'est pas rentable pour nous. Ce n'est plus comme avant où nos clients s'attablaient et pouvaient consommer d'autres produits", témoigne un cafetier, tout en affirmant que "beaucoup de cafés ont préféré fermer pour le moment et ainsi éviter des charges en plus". Mais la pire des situations est celle que vivent les propriétaires de débits de boissons qui, officiellement, ont été autorisés à rouvrir, mais, officieusement sur le terrain, sont toujours interdits de reprendre leur activité. Contacté, le coordinateur local de l'UGCAA, Samir Djebbar, a, encore une fois, lancé un cri d'alerte. "Les commerçants vont mal. Nous n'avons pas les chiffres exacts, mais plusieurs ont fermé car ils ne peuvent plus faire face aux charges. La crise sanitaire a eu aussi un impact dramatique sur l'activité commerciale", a estimé Samir Djebbar, tout en précisant que "les plus impactés par la crise restent surtout les restaurants, les cafés, les transporteurs, les agences de voyages, les crèches, les écoles privées et les débits de boissons alcoolisées". "L'Etat doit intervenir pour trouver une issue de secours à ces commerçants qui ne travaillent plus et qui plus est emploient des personnes qui ont besoin de travailler", a conclu le coordinateur de l'UGCAA.