Depuis la relance de quelques activités commerciales et économiques, en début de semaine, en application de la première phase de déconfinement, l'animation commence à regagner peu à peu les villes du pays après plus de deux mois d'hibernation. Mais tout le monde s'accorde à dire que la vie ne reprendra son cours normal qu'après la réouverture des transports, des restaurants et des cafés, les trois secteurs les plus prisés par les citoyens. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les célèbres et populaires terrasses de la place Audin et de la Grande-Poste, fortement sollicitées et fréquentées surtout en période de printemps et d'été, sont toujours fermées, offrant une image triste du centre-ville de la capitale, privé de la formidable animation qui le caractérise depuis l'arrivée du coronavirus dans le pays et l'instauration du confinement sanitaire, avec suspension de plusieurs activités commerciales et économiques. Les travailleurs de ces cafés dont la réputation est établie attendent avec impatience la réouverture de leur espace et la reprise de l'activité mais aussi la fin de la «misère sociale» qu'ils vivent depuis le début du confinement, étant privés de leurs ressources financières. «L'ambiance de ces terrasses me manque terriblement», avoue un inconditionnel des lieux. «La fermeture a trop duré. Sur le plan financier, je suis détruit. Sur le plan psychique, l'oisiveté est insupportable. Vivement la reprise », dit un serveur, pressé de retrouver son emploi et ses clients. Dans son intérieur, il sait que les cafés seront les derniers métiers à reprendre mais il ne perd pas espoir que la réouverture soit la plus proche possible. Mais les cafetiers ne sont pas les seuls à attendre la relance de l'activité. Les transporteurs et les restaurateurs, fortement impactés par la crise sanitaire, attendent la reprise et la souhaitent pour la deuxième phase du déconfinement qui sera entamée dimanche prochain. Détresse Depuis la relance de quelques activités commerciales et économiques, en début de semaine, en application de la première phase de déconfinement, l'animation commence à regagner peu à peu les villes du pays après plus de deux mois d'hibernation. Mais tout le monde s'accorde à dire que la vie ne reprendra son cours normal qu'après la réouverture des transports, des restaurants et des cafés, les trois secteurs les plus prisés par les citoyens. Terriblement impactés par les effets de la crise, les personnels de ces secteurs, notamment les privés, vivent la détresse au quotidien. Selon les organisations des transporteurs, ils sont plus de 300 000 personnes (dont 200 000 chauffeurs de taxi) qui souffrent d'une situation financière intenable, au moment où le gouvernement ne leur a proposé aucune solution, en dehors de l'obligation de cesser l'activité. «L'Etat n'a pas été à la hauteur du confinement. Il a laissé les Algériens livrés à eux-mêmes. N'était la solidarité citoyenne, qui s'est organisée depuis le début des mesures de lutte contre le coronavirus, la situation serait certainement plus dramatique pour beaucoup de familles», s'indigne un transporteur de voyageurs qui déplore la manière dont est géré le confinement. Après la première phase du déconfinement, les transporteurs s'attendent à la reprise même si aucune date n'est prévue pour cela. En effet, les entreprises publiques de transport urbain, suburbain et ferroviaire sont sur le qui-vive, préparées à reprendre d'un jour à l'autre. La Société nationale du transport ferroviaire (SNTF) a examiné son plan de gestion des voyageurs dans le respect des mesures de prévention contre le coronavirus. Idem pour l'Entreprise de transport urbain et suburbain d'Alger (Etusa) qui a pris toutes les mesures de prévention en vue de relancer sa flotte dans les villes. La reprise sera difficile Les transporteurs privés aussi se disent prêts à reprendre à tout moment. « On est épuisés moralement et financièrement par la crise sanitaire et ses conséquences financières. Je suis prêt à reprendre tout de suite», affirme un chauffeur de taxi à Alger. Ce dernier a lancé récemment un cri d'alarme, affirmant qu'il ne peut plus faire face aux dépenses quotidiennes obligatoires, sollicitant ses amis pour une éventuelle embauche dans un secteur qui a repris l'activité. «La reprise sera certainement difficile», prévoit un autre chauffeur de taxi, affirmant qu'il a été «brisé» par l'arrêt de travail de trois mois. Il a failli «succomber» financièrement n'étaient les sollicitations de ses connaissances pour des courses de temps à autre. Les restaurateurs sont dans le même état d'esprit et se préparent à la réouverture, une fois autorisée la reprise de ces commerces. Dans les grandes villes, la fermeture des cafés et restaurants a pesé lourdement sur le rythme de la vie. Sans animation, ils se sont transformés en corps sans âme. En effet, ces établissements, avec d'autres activités, bien sûr, sont l'âme des villes. «On prépare la relance de l'activité mais il faut savoir qu'aucune date n'est annoncée pour la reprise officielle», indique un restaurateur à Alger-Centre. Il faut souligner que dans certaines régions, les cafés ont rouvert avant le déconfinement. «Au début du confinement, on s'est contenté de servir uniquement le café aux clients, le rideau baissé. Le coût et l'impact financier est insupportable. Mais après l'Aïd, j'ai carrément décidé de rouvrir et reprendre l'activité avec installation des tables sur la terrasse comme vous le voyez», affirme un gérant d'un café dans la région d'Azeffoun (Tizi-Ouzou). En ce samedi 6 juin, à 14h, le café est bondé de clients qui ne donnent aucune impression de se soucier du coronavirus. Dans les villages reculés et même dans les villes, y compris à Alger, certains cafetiers n'ont jamais chômé même si le service est réduit au strict minimum : la vente du café noir. À Hussein-Dey, par exemple, un cafetier a trouvé l'astuce pour échapper au chômage. Il a installé sa machine à café dans sa maison et livre des cafés à ses clients du quartier. Tous espèrent alors un rapide retour à la normale, même si, dans un premier temps, les consignes de prévention contre la propagation du virus doivent être strictement respectées. La deuxième phase de déconfinement, qui sera entamée dimanche prochain, concernera d'autres activités qui seront identifiées et arrêtées par les pouvoirs publics en fonction de l'évolution de la situation sanitaire et du comportement des usagers. «Il s'agit notamment de certaines activités de transport par taxi ainsi que la restauration et les débits de boissons, dont l'organisation sera précisée en temps opportun», avait expliqué le gouvernement. K. A.