En pleine déroute, le général Haftar tente par tous les moyens de se replacer sur l'échiquier libyen, alors que même l'Egypte, qui compte parmi ses soutiens les plus actifs, a reconnu et salué l'accord de cessez-le-feu. L'Armée nationale libyenne (ANL), dirigée par Khalifa Haftar, a rejeté dimanche soir l'accord d'entente sur un cessez-le-feu en Libye, le qualifiant de "coup médiatique" qui cacherait, selon le porte-parole de Haftar, la préparation par le gouvernement de Tripoli, d'"une offensive d'ampleur sur la ville de Syrte". Ahmed al-Mesmari a estimé, dans la nuit de dimanche à hier, que le cessez-le-feu, fruit d'un accord entre le Gouvernement d'union nationale et le Parlement de Toubrok, basé à l'Est, et salué par l'ensemble de la communauté internationale, ne serait qu'une opération de "marketing médiatique. (...) La vérité, c'est ce qui se passe sur le terrain", a-t-il affirmé dans une première réaction de l'ANL. Montrant une carte de la région autour de Syrte considérée comme une ligne de démarcation entre les rivaux libyens, M. Al-Mesmari a affirmé que "les forces pro-GNA ont l'intention d'attaquer nos unités à Syrte et à Joufra puis avanceront vers la zone du Croissant pétrolier" plus à l'est et où se situent les principaux terminaux pétroliers du pays, selon lui. Il en veut pour preuve des opérations de navires turcs "observés" récemment en Méditerranée. "Au cours des 24 dernières heures, nous avons observé des navires et des frégates turcs avancer vers Syrte (...). Nous riposterons à tout acte hostile", a-t-il averti. Défait militairement face aux forces loyales du gouvernement de Tripoli, reconnu par l'ONU, et lâché par ses soutiens étrangers qui semblent miser sur Aguila Salah, président du Parlement de l'Est et signataire de l'accord d'entente sur un cessez-le-feu avec Fayez al-Sarraj, Haftar semble tenter le tout pour le tout dans l'objectif de se replacer sur l'échiquier libyen, bien que les rapports de force actuels le dépassent. Même l'Egypte, qui compte parmi ses soutiens les plus actifs, a reconnu l'accord de cessez-le-feu et les recommandations qu'il contient, à savoir l'arrêt des combats sur tout le territoire libyen et l'organisation, en mars, d'élections parlementaires et présidentielle. Khalifa Haftar, en pleine déroute, paraît perdre la main sur les événements et multiplie les déclarations contradictoires. En témoigne la volte-face de son porte-parole, Al-Mesmari, qui, après avoir rejeté le cessez-le-feu, s'est déjugé quelques heures plus tard sur la chaîne de télévision saoudienne Al-Arabiya, en déclarant que Haftar ne rejetait "pas" le cessez-le-feu... tout en estimant que le texte de vendredi du GNA avait été "rédigé par Ankara". Autre signe qui confirme cette débâcle, les informations rapportées dimanche par plusieurs médias libyens, selon lesquelles Haftar, considéré jusqu'ici comme l'homme fort de l'Est, aurait entrepris des démarches auprès de plusieurs pays, cherchant accueil et protection dans une éventuelle fuite du pays.