L'ONG appelle l'ancienne puissance coloniale à procéder au nettoyage des sites des essais nucléaires dans le Sud algérien et à remettre aux autorités algériennes la liste complète des emplacements où ont été enfouis les déchets contaminés. Les essais nucléaires français effectués dans le sud du pays, entre 1960 et 1966, reviennent au-devant de l'actualité. Une ONG, la Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (Ican), rappelle à l'ancienne puissance coloniale son devoir de faciliter le nettoyage des sites de ses essais nucléaires en Algérie. Dans son rapport, l'Ican souligne que, sur les lieux des essais, "demeurent toutes sortes de déchets toxiques", d'où la nécessité et l'urgence de procéder au nettoyage de ces sites. "La France doit remettre aux autorités algériennes la liste complète des emplacements où ont été enfouis des déchets contaminés", ajoute le rapport de l'Ican, préconisant, par ailleurs, "une étude indépendante pour établir s'il existe un risque transgénérationnel aujourd'hui, ainsi qu'une enquête de détection du matériel contaminé encore en circulation". L'ONG, lauréate du prix Nobel de la paix en 2017, rappelle que la France a procédé à 17 essais nucléaires au Sahara algérien entre 1960 et 1966, sur les sites de Reggane puis d'In Ekker, précisant que plus d'une dizaine d'essais, tous souterrains, sont postérieurs aux accords d'Evian de 1962, qui actaient l'indépendance de l'Algérie. L'Ican ajoute, à ce propos, qu'un article des Accords d'Evian "permettait à la France d'utiliser jusqu'en 1967 les sites du Sahara", et qu'"aucune obligation de démantèlement complet, de remise en état de l'environnement et de suivis sanitaires des populations locales n'a alors été négociée". L'Ican a regretté, en outre, que contrairement aux essais réalisés en Polynésie, ceux effectués en Algérie "ont suscité peu d'intérêt durant plusieurs décennies et restent aujourd'hui encore un sujet compliqué à traiter", "qui fait de facto partie des obstacles à l'amélioration des relations franco-algériennes". Sur un autre volet, l'ONG rappelle que les autorités algériennes, par la voie du ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, ont souligné que "le dossier des explosions nucléaires françaises (...) fait partie de quatre dossiers retenus dans le plan du gouvernement dans son volet lié à la mémoire nationale, ouvert entre l'Algérie et la France". L'Ican estime que le "passé nucléaire reste profondément enfoui dans les sables. Les sites ne font pas l'objet de contrôles radiologiques et encore moins d'actions de sensibilisation des populations locales aux risques sanitaires". Elle a identifié des déchets non radioactifs, du matériel contaminé par la radioactivité qui a été volontairement enterré et des matières radioactives issues des explosions nucléaires. Elle a déploré que rien ou presque n'a été fait pour nettoyer, informer les populations, ni évaluer les risques. L'ONG a regretté que le comité conjoint mis en place fin 2007 à la suite d'une visite de président français d'alors, Nicolas Sarkozy, n'a rendu publique aucune conclusion et qu'il a "œuvré dans le plus grand secret". L'Ican demande également aux autorités algériennes de mieux bloquer les accès aux sites dangereux. À rappeler qu'en 2009, la France a décidé d'indemniser quelques victimes recensées parmi des centaines d'autres. À noter également que l'idée de champs d'essais nucléaires remonte à 1957, lorsque la France coloniale entamait sa politique de dissuasion militaire. Un champ d'expérimentation d'une surface de 108 000 km2 a été créé, avec un centre d'essais atmosphériques situé à 50 km au sud de Reggane. Un autre site d'expérimentation militaire a été installé dans le Hoggar, à proximité d'In Ekker, à 150 km au nord de Tamanrasset.