Le candidat démocrate à la présidentielle Joe Biden a accusé dimanche soir Donald Trump d'exercer le pouvoir de manière "brutale" en essayant de nommer un nouveau juge à la Cour suprême avant le scrutin, ce qui suscite des réserves au sein même du parti républicain. En lice pour sa réélection, le président a promis qu'il nommerait rapidement "une femme très talentueuse" pour remplacer la juge Ruth Bader Ginsburg, une icône féministe et progressiste décédée vendredi à 87 ans des suites d'un cancer. Sa volonté d'ancrer solidement la puissante juridiction dans le conservatisme a galvanisé les deux camps et considérablement durci la campagne. Lors d'une intervention à Philadelphie, son rival démocrate a dénoncé "un exercice de pouvoir politique brutal", "un abus de pouvoir" qui, selon lui, risque de plonger les Etats-Unis "dans une crise constitutionnelle" alors qu'ils traversent déjà une profonde crise sanitaire, économique et sociale. Sur un ton grave, Joe Biden s'est adressé directement à la poignée de sénateurs républicains, qui "savent au fond d'eux-mêmes ce qui est bon pour leur pays". "Respectez vos obligations constitutionnelles, suivez votre conscience", leur a-t-il lancé. Pour entériner le choix du président, il faudra que le Sénat donne son feu vert. Le parti républicain dispose de 53 sièges sur 100, mais deux de ses élues ont annoncé qu'elles pourraient manquer à l'appel. "Par honnêteté envers le peuple américain", la sénatrice modérée Susan Collins, qui mène une campagne difficile, a estimé dès samedi qu'il faudrait attendre le verdict des urnes avant de pourvoir le siège vacant. Dimanche, sa consoeur Lisa Murkowski a à son tour fait savoir qu'elle ne voterait pas pour attribuer un poste à la Cour suprême "si près des élections". "On a besoin d'une Cour entière pour le jour du scrutin", a au contraire estimé le sénateur Ted Cruz, un ultra-conservateur, en rappelant que la Cour pourrait avoir à trancher les litiges électoraux. Mais il a dû admettre ne pas être sûr que son parti ait les voix nécessaires. Pour courtiser sa base conservatrice, Donald Trump a promis de choisir uniquement des magistrats partageant leurs valeurs sur l'avortement, le droit à porter des armes ou encore les libertés religieuses.