Après plusieurs mois d'instabilité dommageable pour la crédibilité du pays, le président de la République a annoncé, avant-hier, la nomination d'un nouveau gouverneur de la Banque centrale. La Banque d'Algérie (BA), banque des banques, autorité "régalienne" ; ou censée l'être, pour gérer le dinar, les réserves de change et toute la sphère bancaire nationale, a enfin un premier responsable à sa tête... Après plusieurs mois d'instabilité plus que dommageable pour l'économie nationale et la crédibilité du pays vis-à-vis de l'étranger, le président de la République a annoncé, avant-hier, la nomination officielle d'un nouveau gouverneur pour diriger la Banque centrale. Celui qui, en l'occurrence, porte sa signature personnelle sur nos billets de banque comme gage de confiance et de crédit en la monnaie nationale. Le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, a ainsi indiqué avant-hier, lors de sa traditionnelle entrevue télévisée avec des représentants de médias nationaux, avoir "signé, la semaine dernière, le décret portant nomination de Rosthom Fadhli au poste de gouverneur de la Banque d'Algérie". Haut cadre de la Banque centrale, Rosthom Fadhli, qui a été porté auparavant au poste de vice-gouverneur de la BA par l'ex-gouverneur et actuel ministre des Finances, Ayman Ben Abderrahmane, est notamment réputé, selon des intervenants de la sphère bancaire nationale, pour son "capital expérience" dans le domaine des relations financières extérieures. Avant de devenir l'un des trois vice-gouverneurs de la BA, Rosthom Fadhli a, en effet, occupé auparavant le poste de premier responsable de la Direction générale des relations financières extérieures ; l'une des structures-clés de la Banque centrale. Le choix de sa nomination comme gouverneur de la mère des banques intervient, faut-il le souligner, dans un contexte où l'Algérie se voit de plus en plus confrontée à l'aggravation de ses déséquilibres financiers internes et externes, conséquemment à la mauvaise tenue des prix du pétrole et des incidences fâcheuses de la crise sanitaire sur l'économie et les finances du pays. Lors de la dernière réunion du Conseil des ministres, tenue avant-hier, le président de la République a d'ailleurs évoqué, formellement et pour la première fois, l'opportunité d'envisager des recours ciblés à des financements extérieurs, qui, faut-il le rappeler, sont de nouveaux autorisés par la loi de finances 2020, après plus d'une décennie d'interdiction. En ce sens, le chef de l'Etat, note le communiqué du Conseil des ministres, a donné officiellement instruction à son gouvernement d'"œuvrer à tirer profit d'institutions financières internationales", comme la BAD et la SFI, en proportion de la contribution de l'Algérie à celles-ci, comme le font d'autres pays, "et ce, en obtenant notre part de postes dans leurs organes et en bénéficiant de leurs moyens en matière de financement...", a-t-il ainsi précisé. Aussi, tant pour gérer d'éventuels recours à l'endettement extérieur que pour veiller à la stabilité du dinar, le reliquat finissant des réserves de change et la liquidité très resserrée du secteur bancaire, la Banque d'Algérie, avec un gouverneur officiel à sa tête, est désormais appelée à tenir pleinement son rôle et ses missions naturels, en qualité de seule autorité compétente et légitime en matière de politique monétaire. Encore faut-il, pour ce faire, que sa souveraineté et son autonomie soient suffisamment mises à l'abri des coutumières et néfastes interférences politico-bureaucratiques.