Si la communauté des Etats ouest-africains dit "prendre acte" de l'investiture du président Ndaw et du vice-président, le colonel Assimi Goïta, elle s'inquiète en revanche de l'emprise par les militaires sur le processus de transition. La transition au Mali risque d'être un peu plus compliquée, alors qu'elle vient tout juste de débuter, hier, avec l'investiture officiellement du président Bah Ndaw et du vice-président, le colonel Assimi Goïta, qui ont prêté serment à Bamako. À peine une heure après la cérémonie officielle censée inaugurer une période de transition de 18 mois, avant de remettre le pouvoir aux civils à l'issue d'élections générales, la Communauté des Etats ouest-africains (Cédéao) a annoncé le maintien des sanctions imposées au Mali, en vigueur depuis le 18 août, dernier lorsque les militaires ont déposé l'ancien président Ibrahim Aboubakar Keita. Depuis, un bras de fer oppose le Mali à l'organisation ouest-africaine qui réclame la nomination d'un président et d'un Premier ministre issus de la société civile. Sans quoi, les sanctions consistant en la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes, avec la suspension de toutes les relations économiques, financières et commerciales avec le Mali, resteraient en vigueur. Dans un communiqué, diffusé hier, la Cédéao a affirmé "maintenir les sanctions imposées au Mali", refusant de se contenter de l'investiture d'un président de transition le jour même et insistant sur la nomination urgente d'un Premier ministre civil. Les sanctions "seront levées lorsqu'un Premier ministre civil sera nommé", selon le document lu devant la presse par le président de la commission de la Communauté des Etats ouest-africains, Jean-Claude Kassi Brou. La junte au pouvoir estimait pourtant avoir fait l'essentiel en faisant prêter serment à Bah Ndaw. Ce dernier s'est engagé à respecter en effet tous les engagements internationaux et conduire "une transition stable, apaisée et réussie dans les conditions et les délais convenus". "La charte de la transition est mon bréviaire", a-t-il dit. Pas suffisant pour la Cédéao qui, tout en disant "prendre acte" de l'investiture du président, s'inquiète de l'emprise conservée par les militaires sur la transition. M. Ndaw est un colonel à la retraite, ancien ministre de la Défense. A ses côtés, il a un vice-président qui a aussi prêté serment et peut remplacer le président en cas de destitution, selon le plan de transition retenu par la junte. Or, ce vice-président n'est autre que le chef actuel de la junte, le colonel Assimi Goïta. Autre grief retenu contre la junte, la Cédéao souligne dans son communiqué "l'impossibilité pour le vice-président de remplacer le président de la transition". L'organisation réclame une version "finale et officielle" de ce plan de transition intitulé "charte" invoqué hier à de multiples reprises pour légitimer l'investiture du président et du vice-président. Elle demande la dissolution de la junte, ainsi que la libération des personnalités civiles et militaires arrêtées lors du coup d'Etat, dont l'ancien Premier ministre Boubou Cissé.