Pour la troisième fois, le juge Sadedin Merzoug est convoqué, ce matin, au ministère de la Justice. Le juge, porte-parole du Club des magistrats, non reconnu par les autorités, a été convoqué à la suite de publications sur sa page facebook, annonce le concerné dans un court post. Sadedin Merzoug s'es notamment distingué par des prises de position tranchées contre les autorités judiciaires, notamment le ministre de la Justice Belkacem Zeghmati. Ce jeune juge, qui travaille à la Cour de M'sila, a été la principale figure du soulèvement du corps des magistrats depuis le début de la révolte populaire du 22 février 2019. Il s'est fait remarquer par un discours appelant ses collègues à se soulever contre le pouvoir de l'époque et à rejoindre le peuple qui manifestait dans la rue. L'autre fait d'armes à mettre sur le compte de Sadedin Merzoug est sans doute la grève des magistrats, observée durant l'été 2019 en signe de protestation contre des décisions de la tutelle. Si la grève a été déclenchée par le Syndicat national des magistrats, qui a dû faire marche arrière malgré les violences policières subies notamment à Oran, le Club des magistrats a appelé à la poursuite de la lutte syndicale. C'est probablement cette levée de boucliers qui a poussé le ministère de la Justice à suspendre le juge avant d'être convoqué, au moins à deux reprises, par l'administration du même département pour s'expliquer sur ses prises de positions. Le département de Belkacem Zeghmati reproche notamment le non-respect de l'obligation de réserve. Ce que le magistrat récuse. Il se défend en expliquant que ses publications sont faites dans un espace uniquement dédié aux magistrats, donc "fermé". Mais pour l'heure, aucune poursuite judiciaire n'est engagée contre le juriste.