Le ministre de l'Industrie aura à statuer sur "la guerre des marques", notamment celles importées autrefois par les patrons de concession condamnés par la justice dans le lourd dossier de l'automobile. Le gouvernement serait-il prêt à dupliquer les erreurs du passé quand des importateurs, dont certains n'avaient aucun lien avec le secteur automobile, siphonnaient les devises pour les transférer avec des procédés aussi criminels les uns que les autres, comme la surfacturation, le non-rapatriement de l'argent de la garantie et autres abus sur le prix final et les délais de livraison de la voiture sur le marché ? La réponse est évidemment aussi claire que l'eau de roche. En plus des réserves de changes qui s'amenuisent, l'Etat a redéfini les règles du jeu et le ministre de l'Industrie, Ferhat Aït Ali Braham, en est conscient en jouant, d'une part, à la transparence en invitant les 140 opérateurs (bilan provisoire) sur la plateforme numérique et à émarger aux deux dispositifs, édictés, respectivement, par le décret exécutif 20-226 fixant les conditions et les modalités d'exercice de l'activité de construction automobile et le décret exécutif 20-227 fixant les conditions et les modalités d'exercice de l'activité de concessionnaire de véhicules neufs, et, de l'autre, en affichant une rare prudence en laissant ces opérateurs sur leur faim, gardant certains aspects de la question secrets, comme le volume des voitures à importer et le montant global à consacrer pour cette opération, mais aussi pour la suite à donner aux prétendants qui voudraient installer des usines pour la construction des véhicules. La prudence affichée par le ministre de tutelle est d'autant légitime et ce, en imposant des délais plus rigoureux, non sans gagner du temps pour mieux voir la chose, pour l'octroi des agréments provisoires et définitifs ainsi que les demandes d'avis technique pour l'exercice des activités de construction de véhicules et/ou de concessionnaire de véhicules neufs. Bien plus, la prudence de Ferhat Aït Ali serait également justifiée, car il aura à trancher sur "la guerre des marques" à importer, notamment celles importées autrefois par les patrons de concession condamnés par la justice dans le lourd dossier de l'automobile. Au demeurant, le dépôt des dossiers se veut une formule d'usage, mais le contentieux auquel le ministre de tutelle fait face est très problématique, voire complexe. Car "la guerre des marques", qui a par ailleurs déjà commencé, pourrait déboucher sur des recours, notamment sur les marques dépossédées du temps de l'ex-ministre de l'Industrie, Abdeslam Bouchouareb, à des concessionnaires historiques. Lesquels concessionnaires ont été réhabilités par la justice, de surcroît. En parallèle, Ferhat Aït Ali aura sur les bras plus de 140 opérateurs le jour de l'octroi des agréments, de la répartition des montants et des quotas à importer. Il en sera de même pour la construction de véhicules. Un scénario de déjà-vu, qui avait débouché sur des indus avantages, le trafic d'influence et des faits avérés de corruption qui ont éclaboussé des Premiers ministres, des ministres, des walis, des banquiers, de hauts cadres des domaines et de plusieurs ministères. Ce scénario, Ferhat Aït Ali ne serait pas prêt à le dupliquer. Raison pour laquelle ces préinscriptions, qui se poursuivent toujours, donneront lieu à la présentation des opérateurs au ministère de tutelle, sur rendez-vous, pour statuer, au cas par cas et dans la plus grande transparence, sur les dossiers fournis. Du reste, ceux qui seraient tentés par les démarches suicidaires et révolues n'ont qu'à bien se tenir... F. B.