Sur les quelque 100 prétendants aux deux activités, seuls une vingtaine d'opérateurs pourrait répondre aux nouveaux cahiers des charges. Si la saison des feuilles mortes n'a pas souri à la "rentrée automobile", la plus chaotique pour beaucoup d'opérateurs, essentiellement marquée par des départs et des licenciements massifs, il n'est pas aussi évident pour ceux qui prétendent réussir leur challenge à la lumière des cahiers des charges régissant les activités de construction de véhicules et de concessionnaires de véhicules neufs, édictés par les décrets 20-226 et 20-227 du 19 août 2020. Dès dimanche dernier, les préinscriptions électroniques à ces deux dispositifs ont été ouvertes sur la plateforme numérique dédiée par le ministère de l'Industrie au profit des opérateurs. Le chiffre est hallucinant : plus de 100 prétendants se sont rués pour s'inscrire sur cette plateforme pour obtenir un agrément pour installer une usine de construction de véhicules ou exercer l'activité de concessionnaire automobile et importer des véhicules neufs. Si on se fie aux clauses des deux cahiers des charges, la mission est difficile, voire impossible pour beaucoup. Sauf pour ceux qui jouissent d'une solvabilité financière et structurelle avérée, d'un historique à faire valoir, d'une chaîne de valeurs au sens de l'entreprise et/ou de l'usine automobile, mais surtout des infrastructures répondant aux clauses des deux nouvelles lois. Du coup, la question est de savoir qui pourrait être retenu sur cette centaine d'opérateurs ? D'autant que l'enveloppe financière qui sera allouée par le gouvernement pour ces deux activités ne sera pas à la hauteur des attentes des uns et des autres au vu de la crise économique que traverse le pays et de la baisse des réserves de change dont le pays recèle après la baisse drastique des prix du pétrole, seule ressource qui perfuse notre économie pour le moment. Si pour les importations le gouvernement n'est pas près de céder aux attentes du marché, dont les besoins avoisinent 400 000 unités/an, il ne le serait pas évidemment pour miser un grand montant pour l'importation des intrants et autres kits pour la fabrication de véhicules. Il faut dire que, pour le moment, l'heure est aux importations, donc à l'urgence. Ces dernières devront toucher, selon l'article 2 du décret exécutif 20-227 du 19 août 2020, tous les segments. Au ministère de l'Industrie, on s'attelle, dans un premier temps, à recevoir les demandes formulées par les candidats. Lesquels candidats devront faire valoir tous les atouts pour l'approbation de leurs dossiers avant de passer à l'étape de l'agrément provisoire et, enfin, de l'agrément définitif. De l'autre côté des opérateurs, l'heure est aux appréhensions, d'autant que le ministre de l'Industrie, Ferhat Aït Ali Braham, est à cheval sur les clauses du cahier des charges, même s'il n'a pas cessé de marteler que "les portes sont toujours ouvertes" pour le dialogue. Aujourd'hui, la prudence de M. Aït Ali est plus que légitime au vu des révélations des procès de justice sur un secteur qui avait siphonné les devises pour faire subir à l'Algérie une rare gabegie qu'aucun pays au monde n'avait connue auparavant. Aujourd'hui que les masques sont tombés, l'heure est au choix. Au bon choix, en attendant un prompt retour aux grands jours de l'automobile...