Pressés par la communauté internationale, mais aussi par la gravité de la situation en Libye, les Libyens veulent prendre leur destin en main et ont compris que seul le dialogue est à même de mettre fin à la guerre dans leur pays. Des représentants des deux parties libyennes se sont retrouvés hier à Genève (Suisse), dans le cadre du dialogue de la commission militaire conjointe (5+5), issue de la conférence de Berlin (19 janvier) sous l'égide de l'ONU, alors que les Européens ont annoncé des sanctions contre 16 personnalités libyennes dans ce qui semble être un moyen de pression en prévision de la rencontre de Tunis en novembre. "Le quatrième cycle des pourparlers de la commission militaire mixte (JMC) libyenne (5+5) a débuté ce matin au Palais des nations à Genève avec la présence et la participation du représentant spécial par intérim du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ASRSG) et du chef de la Manul (Mission d'appui des Nations unies en Libye), Mme Stephanie Williams", lit-on dans le communiqué de la mission onusienne. Ce 4e round de discussions se poursuivra jusqu'au 24 octobre, a précisé la Manul, affirmant qu'elle "espère que les deux délégations pourront trouver une solution à tous les différends encore existant afin d'arriver à un cessez-le-feu complet et permanent dans toute la Libye". La commission militaire conjointe doit définir les conditions d'un cessez-le-feu durable, avec retrait de positions militaires dans certaines villes-clés, comme Syrte, où le pire a été évité de justesse l'été dernier grâce à la pression internationale. La ville natale du défunt colonel Mouammar Kadhafi était au cœur d'une bataille diplomatique après que le Gouvernement d'union nationale (GNA, Tripoli) de Fayez al-Sarraj avait annoncé son intention de la reprendre aux troupes du général Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est libyen. Le risque d'une confrontation directe entre la Turquie, qui soutient le GNA, et l'Egypte qui appuie Haftar, a fait prendre conscience aux différents acteurs impliqués dans la crise libyenne de l'urgence d'un retour à la table des négociations. Ainsi, après plusieurs semaines d'intenses tractations dans les coulisses, la Manul a annoncé la tenue d'un dialogue inter-libyen inclusif en novembre prochain en Tunisie, avec la condition que les participants n'aient pas la possibilité de prétendre à des postes gouvernementaux. Parallèlement, des rencontres préparatoires auront lieu en Libye et ailleurs pour réussir cette reprise du processus du dialogue interlibyen, toujours sous l'égide de l'ONU. Pour rappel, une précédente réunion s'était tenue pendant deux jours fin septembre en Egypte, dans la station balnéaire d'Hourghada sur la mer Rouge. Des pourparlers réunissant des parlementaires des deux camps rivaux s'étaient tenus plus tôt en septembre au Maroc. Un accord global sur les institutions régaliennes avait alors été annoncé. Toujours en septembre, des "concertations" inter-libyennes s'étaient aussi déroulées à Montreux, en Suisse, mais aussi à Malte. Plusieurs séries de négociations ont eu lieu ces dernières années et plusieurs accords ont été annoncés sans être suivis d'effets.