L'envoyée spéciale par intérim de l'ONU en Libye s'est montrée optimiste quant à un arrêt permanent et durable des violences dans ce pays. Place donc maintenant à la reprise effective du processus de dialogue interlibyen, interrompu depuis plus de trois ans. Les Libyens de l'est et de l'ouest du pays sont parvenus hier à un accord de cessez-le-feu permanent, avec « effet immédiat », après cinq jours de discussions à Genève (Suisse), dans le cadre de la commission militaire mixte (5+5), a annoncé la Mission d'appui de l'Onu en Libye (Manul) qui supervise ce dialogue issu de la Conférence de Berlin du 19 janvier dernier. "Les parties libyennes sont parvenues à un accord de cessez-le-feu permanent dans toute la Libye », a déclaré la Manul. La signature de cet accord a été retransmise en direct par la Manul. "Je suis honorée d'être parmi vous aujourd'hui pour assister à un moment qui restera dans l'histoire", a affirmé Stephanie Williams, représentante par intérim du SG de l'Onu pour la Libye. "Je tiens à vous féliciter pour ce que vous avez accompli ici. Il a fallu beaucoup de courage. Vous vous êtes réunis pour le bien de la Libye, pour votre peuple afin de prendre des mesures concrètes pour mettre fin à ses souffrances", a-t-elle poursuivi, en arabe. La conclusion de cet accord marque en effet un tournant dans la guerre en Libye, où le Gouvernement d'union nationale (GNA, Tripoli) s'affronte avec l'homme fort de l'est, le général Khalifa Haftar, depuis une année, ce dernier ayant vainement voulu prendre le pouvoir par la force des armes. Mais c'est juste une bataille de gagnée dans la résolution d'un conflit qui dure depuis fin 2011, date à laquelle l'ancien régime du défunt Mouammar Kadhafi a été déchu au terme de presque un an de révolte populaire, que l'OTAN a appuyé de manière déterminante militairement. "Nous avons beaucoup, beaucoup de travail dans les jours et les semaines à venir pour mettre en œuvre les engagements de l'accord", a d'ailleurs souligné Mme Williams, qui prépare le dialogue inter-libyen inclusif à Tunis pour novembre. Ce dialogue en Tunisie sera le couronnement des plusieurs mois de discussions intenses avec les différents acteurs de la crise en Libye, où les ingérences étrangères ont rendu toute solution quasiment impossible. Réagissant à cette annonce, l'Union européenne a exprimé ses félicitations. "Nous nous félicitons de l'annonce de cet accord. C'est une bonne nouvelle. Mais sa mise en œuvre est aussi importante, car elle sera la clef pour la reprise des négociations politiques", a déclaré Peter Stano, le porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Le Président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays appuie le GNA, a mis des doutes à quant au respect de cet accord. "L'accord de cessez-le-feu de ce jour n'a pas été conclu au plus haut niveau mais à un niveau moindre", a déclaré M. Erdogan à des journalistes à Istanbul. "Pour moi, (cet accord) semble manquer de crédibilité", a-t-il ajouté, faisant le parallèle avec le conflit dans le Nagorny Karabakh. Les négociations "aboutissent ici à un premier succès décisif", a salué dans un communiqué le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, ajoutant qu'il d'"une bonne base pour le développement prochain d'une solution politique".