Le procureur de la République près le tribunal correctionnel d'Annaba a requis une peine de 3 mois de prison ferme et une amende de 50 000 DA, hier, à l'encontre du directeur de la publication du quotidien El Watan, poursuivi pour diffamation par les fils du défunt général-major Ahmed Gaïd Salah. Cela alors que les plaignants Boumediène et Adel Gaïd Salah ont réclamé au quotidien une indemnisation, à titre de dédommagement d'un article, objet de la plainte, qu'ils ont estimé "attentatoire à leur honneur et à leur considération" et à ceux de leur défunt père "en sa qualité de chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense nationale avant son décès". Le verdict sera rendu le 23 novembre prochain. Lors du procès qui s'est finalement tenu après deux reports, les 28 septembre et 18 octobre passés, l'avocat des plaignants Boumediene et Adel Gaïd Salah a tenté de prouver, vaille que vaille, que l'article publié le 31 août dernier dans le quotidien El Watan sous le titre "Les enfants de Gaïd Salah détenteurs de nombreux biens : les détails d'une fortune à l'ombre du général", revêt un caractère diffamatoire parce que jetant le doute sur l'origine du patrimoine de ses clients. Patrimoine, dont il a lui-même fait une énumération détaillée devant le tribunal, en s'évertuant à le présenter comme légalement acquis par les enfants du défunt Ahmed Gaïd Salah, au fil de longues années de labeur. Appelé à la barre, Tayeb Belghiche, le directeur de publication d'El Watan soutiendra, comme il l'a fait lors de l'audience du 18 octobre, que l'article incriminé n'avait pas pour but de nuire à qui que ce soit et qu'il ne visait qu'à rapporter des faits à l'opinion publique sans l'intention de nuire. "Nous n'avons fait que notre travail d'investigations journalistiques. À aucun moment nous n'avons diffamé quiconque, à plus forte raison, ni l'armée, ni quiconque". Au prétoire, Me Abderahmane Boutamine, l'avocat du journal El-Watan, a usé d'un argumentaire qui ne souffre aucune ambiguïté en soulignant que "l'article contesté est un travail de journaliste qui repose sur des sources publiques et officielles et que d'autres journaux avaient déjà repris les informations publiées sur les plaignants, les illustrant avec la photo de leur défunt père, sans avoir jamais été inquiétés". Me Boutamine a, lui aussi, insisté sur le fait qu'il n'y avait aucune intention diffamatoire de la part du journal dans le fait de donner la liste des biens des fils du défunt Ahmed Gaïd Salah. "La seule chose qui a été rapportée par le journal, et c'est son droit, c'est que quand même ces patrimoines demeurent suspects quant à leur légitimité ou légalité. Nous traversons une époque de l'histoire du pays, qui se caractérise par la lutte contre la corruption, avec des charrettes de responsables civils et militaires, dont certains sont emprisonnés. La presse n'a répondu, dans ces conditions, qu'à son devoir d'informer sur tout qui peut être frappé de doute", a affirmé cet avocat.