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DANS L'ATTENTE DE LA LUMIÈRE
GHEBALA, une ZONE D'OMBRE À JIJEL
Publié dans Liberté le 20 - 12 - 2020

Des familles sont revenues, d'autres veulent suivre le même chemin, après avoir quitté leur village durant la décennie noire. Mais dans cette bourgade perchée sur les monts jijéliens, tout manque, mettant la population sous pression.
Son rêve se résume à un tronçon de route pour relier sa petite maisonnette au monde extérieur et à un câble électrique pour éclairer les nuits obscures de sa vie, dans ces contrées éloignées de l'Algérie profonde, à Ghebala, une commune enclavée au sud-est des limites administratives de la wilaya de Jijel avec Mila. Lui, c'est Mohamed.
La soixantaine passée, il résume à lui seul toutes les péripéties des habitants de ce territoire qui s'accrochent à un mode de vie des plus pénibles. Et ce n'est pas de gaité de cœur qu'il s'obstine à rester attaché à cette terre si hostile qui ne lui offre que la possibilité d'élever quelques têtes de bétail.
C'est ici, à Al-Maïda, une vaste bourgade relevant de cette commune, qui s'étend sur un immense territoire fait d'une terre difficile d'accès, souvent parsemée de pierres et de cailloux, qu'il vit en homme déplacé. Mohamed s'est d'abord déplacé à la ville de Didouche-Mourad, à Constantine, où il s'est installé pour fuir les exactions des groupes armés lors de la décennie du terrorisme, avant de revenir reprendre sa vie telle qu'il l'a abandonnée, il y a encore une décennie.
"Je n'ai rien, aucune autre source de vie, ni une quelconque rentrée d'argent. Je vis en éternel déplacé depuis des années entre Didouche-Mourad et cette terre d'où je tire ma principale source de vie", relate-t-il. Sa source de vie n'est autre que ces vaches et ces moutons qu'il élève ici à Al-Maïda, pour subsister et aider sa famille, restée à Didouche Mourad, à survivre à ces conditions incertaines.
Son vœu est de retrouver sa stabilité ici, dans cette mechta, qui l'a vu naître et grandir pour apprendre à vivre tel qu'il le fait encore et toujours. De quoi rêve Mohamed, au fait ? D'une route et de quelques autres petites commodités. Un simple tronçon de route pour pouvoir se réinstaller définitivement dans sa terre natale. "Je suis revenu il y a quelques jours et j'ai trouvé mon frère dans un état difficile. Il était malade et ne pouvait pas bouger. Il a failli vraiment y passer, car on ne pouvait même pas le déplacer pour le ramener chez un médecin", raconte-t-il, pour insister sur l'état d'isolement de cette région. Au bout du compte, c'est cet isolement qui le pousse à vivre dans cet état d'instabilité entre Didouche-Mourad et Al-Maïda, le douar de sa vie.
La politique de fixation des populations déplacée battue en brèche
Prônée par les pouvoirs publics, la politique de fixation des populations déplacées lors de la décennie du terrorisme se trouve ainsi battue en brèche par la pathétique histoire de cet homme. Une histoire qui n'en est pas l'unique dans cette région à mille lieues de la vie, où les principales commodités manquent pour permettre aux populations déplacées de revenir retrouver les terres qu'ils ont abandonnées.
Ahmed Brahimi, P/APC de Ghebala, confirme qu'elles sont nombreuses, les familles parties s'installer ailleurs et qui souhaitent revenir pour retrouver les localités qu'elles ont dû quitter dans la douleur, les larmes et le sang. Il y a plus de deux décennies, l'heure de l'exil de ces populations a sonné sous les coups de boutoir d'un terrorisme, venu semer la mort et la désolation dans ces terres si chères à leurs habitants.
La paix et le calme, retrouvés au prix d'un grand effort consenti par l'ANP et des groupes d'autodéfense qui ont pris les armes pour lutter contre la horde terroriste, ont cependant permis à certaines familles de retrouver leur vie d'avant. Leur retour s'est fait dans des conditions qui n'encouragent pas d'autres à emprunter le même chemin.
Et pour cause, peu de ces familles sont revenues, mais peinent à vivre dans ces conditions de dénuement dans des contrées éloignées et dépourvues des plus simples commodités de la vie. Hocine, un homme au visage jovial et souriant, en est un de ces déplacés qui sont revenus à Al-Maïda, dans son hameau natal. "Nous sommes partis à Constantine pour fuir le terrorisme, mais nous sommes revenus. Nous ne pouvions pas résister, non seulement à l'envie de retrouver notre terre, mais aussi aux difficultés de la vie là-bas", explique-t-il. S'affairant à entretenir son petit jardin potager, où il cultive de la pomme de terre, l'homme dégage un air de fatalisme et semble s'adapter à la situation qu'il vit.
Vivant de l'élevage, à l'instar des autres habitants de ces contrées, il se plaint cependant de l'éloignement et du manque des moyens de transport. Son cousin, Abdelmalek, évoque l'autre contrainte liée à la rudesse d'un climat hivernal dans cette région culminant à des hauteurs facilitant l'accumulation rapide de la neige. Le bois reste leur seul moyen pour se chauffer, même si certains recourent au gaz butane, qu'ils achètent à 250 DA la bonbonne. "Il y a un distributeur qui vient du côté des régions relevant de Mila pour nous livrer le gaz", indique Zayed, un habitant d'une localité voisine d'Al-Maïda.
Andlou est, en effet, cette autre bourgade sur la longue liste de ces mechtas et douars qui ont pour nom Beni S'bih, Dar Ahmed, Beni Oussam, Chorfa, pour ne citer que ces localités, éparpillés çà et là dans ce territoire au relief accidenté et difficile d'accès de la commune de Ghebala, où tout manque. En plus de l'électricité et des routes qui font défaut, les habitants de ces régions restent privés d'une couverture sanitaire et... même téléphonique.
Rares sont les maisons raccordées au réseau électrique
Outre l'absence des structures de soins, les trois opérateurs de la téléphonie mobile les privent d'une couverture téléphonique pour rester en contact avec le monde extérieur. "C'est un problème qui est posé, on l'a souvent soulevé, mais il n'a pas été réglé", confie un membre élu à l'APC de Ghebala. En fin connaisseur des problèmes de cette commune, celui-ci nous énumère les difficultés de la vie dans ces petits recoins de l'Algérie profonde. "Nous avons recensé 20 zones d'ombre, mais on nous en accorde 8, nous ne savons pas sur quel critère s'appuyer !", se désole-t-il.
Notre interlocuteur, tout comme d'ailleurs le P/APC, font part d'une multitude de problèmes qui bloquent l'émancipation de la vie dans cette commune, plus que jamais livrée à un statut précaire en matière de développement. Outre l'isolement dans ces mechtas, il y a l'eau qui manque, l'électricité et également le gaz. Les projets du raccordement au gaz naturel sont inscrits dans le registre des préoccupations des populations locales qui rêvent de cette source d'énergie.
Partout d'ailleurs, cette préoccupation est soulevée avec insistance. Elle s'ajoute à l'autre problème du raccordement à l'électricité pour éclairer des maisons construites grâce au programme de la construction rurale. S'il y a un avantage dont ont bénéficié les populations de nombreuses mechtas de cette commune, c'est bien les logements construits dans le cadre de ces programmes.
Le comble est que rares sont ces logements qui ont été raccordés au réseau électrique. "Il n'y a plus de raccordement, les projets d'électrification ont cessé depuis 2014, et on exige que la maison à raccorder à l'électricité ne doit pas être éloignée de plus de 25 m du poteau électrique", regrette l'édile communal. Dans les localités visitées, nous avons été témoin de ces nombreuses habitations de la construction rurale qui attendent d'être électrifiées. Toute maison qui est à plus de 25 m de la ligne électrique reste plongée dans l'obscurité. D'où, d'ailleurs, ces raccordements anarchiques à travers ces câbles, ramenés de loin pour éclairer ces foyers non électrifiés. C'est le cas de cette maison à moitié achevée de Abdelkader, le voisin de Mohamed, à Al-Maïda, qui attend son raccordement à l'électricité.
Mohamed est un jeune de 31 ans. Avec sa barbe assez fournie couvrant un visage déjà rodé aux affres de la vie, il se met à livrer le fond de sa pensée sur ce que rapporte la presse. "On dit souvent que la presse exagère dans ses écrits, mais ici, vous ne risquez jamais de tomber dans cette exagération. Exagérez plutôt, et vous n'atteignerez jamais la vérité", assène-t-il, avant d'enchaîner : "Ici, il y a pire que les zones d'ombre, il y a les zones de l'injustice". En attendant que sa maison, construite dans le cadre du programme de la construction rurale, soit achevée et électrifiée, ce jeune ne se prive pas encore d'interpeler l'élu communal sur le projet du gaz naturel. "On l'a inscrit, mais on attend", lui répond cet élu.
Celui-ci énumère un autre problème auquel fait face les bénéficiaires de ces programmes et affirme que les subventions accordées ne suffisent plus à finir ces constructions. "700 000 DA, c'est peu, le coût pour acheminer les matériaux de construction jusqu'ici est élevé, il ne permet jamais d'achever ces constructions", explique-t-il."Cette somme suffit à peine pour la plateforme et les poteaux, pour le reste, il faut se débrouiller pour finir sa maison", déplore-t-il encore non sans préciser que le bénéficiaire sera inscrit comme ayant bénéficié d'un logement dans le cadre de ce programme, alors qu'il ne l'a jamais achevé.
Outre cet aléa, cet élu déplore que sa commune n'a bénéficié d'aucun programme de la construction rurale depuis une année. "On ne sait pas pourquoi", dit-il. Ainsi, se résume les péripéties de la vie dans cette commune, qui reste une véritable zone d'ombre à ciel ouvert et de ses dizaines de mechtas qui restent plongées dans un terrible isolement tout en étant privées d'eau, d'électricité, de couverture sanitaire, de téléphone et de gaz pour permettre aux populations de sortir de l'état de dénuement total dans lequel elles vivent. Autant dire que si cette commune a bénéficié de certains programmes de développement, ils restent insuffisants pour couvrir les immenses besoins enregistrés.
Le comble est que faute de routes aménagées, les bus du transport scolaire ne permettent pas d'atteindre les mechtas isolées. Tout comme le projet d'AEP à partir du barrage de Boussiaba, qui n'est prévu que pour les localités qui ont déjà un réseau en place. Celles qui ne sont pas alimentées en eau potable ne sont pas concernées par ce projet, selon le P/APC. "C'est le paradoxe de ce projet", s'étonne ce responsable non sans souligner que ces contraintes ne sont pas de nature à aider au retour et à la fixation des populations déplacées lors de la période de lutte antiterroriste.


Reportage réalisé par : AMOR ZOUIKRI


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