La FAF a estimé jeudi dernier que la sanction infligée par l'ancien bureau fédéral et l'ancienne composante de la commission de discipline de la LFP à l'arbitre assistant Mounir Bitam est nulle et non avenue. "Afin de mettre fin à toute surenchère ou utilisation malveillante de cette affaire, l'ancien arbitre assistant international FIFA, M. Mahmoud Mounir Bitam, a été reçu ce mercredi 6 janvier 2021 par M. Mohamed Saad, secrétaire général de la Fédération algérienne de football (FAF), et Me Youcef Hamouda, avocat de la FAF et président de la chambre nationale de résolution des litiges (CNRL), au sujet de sa suspension en 2014 pour avoir dénoncé des comportements antisportifs émanant de certains responsables lors d'une rencontre de championnat de football de Ligue 2, le 19 septembre de la même année. Après des échanges avec l'intéressé et compte tenu de l'absence de tout document prouvant la condamnation par la FAF, excepté un communiqué de presse, l'instance fédérale considère que cette sanction est nulle et non avenue. Aux yeux donc de la FAF, M. Bitam n'est ni sanctionné et encore moins radié du mouvement sportif national", explique la FAF dans son communiqué. Que s'est-il donc vraiment passé ? Pour mieux comprendre cette affaire, il faut d'abord rappeler les faits. Le 20 septembre 2014, à la 26e minute de jeu de la rencontre CABBA-WAT, profitant d'une sortie en touche, l'arbitre assistant Mounir Bitam a pénétré sur le terrain, déposé son kit, le drapeau de touche et son maillot officiel laissant apparaître une inscription sur son maillot de corps : "Kerbadj et Hammoum, une histoire d'un jeu manipulé." Mounir Bitam a accusé le président de la Ligue de football professionnel (LFP), Mahfoud Kerbadj, de lui avoir "demandé de faire perdre la JS Kabylie contre le CRB Aïn Fakroun" en demi-finale de la Coupe d'Algérie (2014) et "un haut responsable, de son côté, nous a conseillés (le trio arbitral) de favoriser un des finalistes de la dernière édition de la Supercoupe" entre le MCA et l'USMA. Du coup, début octobre, il est convoqué par la commission fédérale des arbitres pour s'expliquer sur ces accusations et par la commission de discipline de la LFP pour outrage à officiel. Mounir Bitam décide de ne pas répondre aux deux convocations, ce qui a été consigné dans le procès-verbal de la CD de la LFP. Il est de nouveau convoqué par les deux commissions, mais Bitam refuse toujours de se présenter. Le 4 octobre 2014, la commission de discipline de la LFP décide de lui infliger une sanction d'"interdiction d'exercer toute fonction liée au football" conformément à l'article 79 du code disciplinaire. Une sanction consignée également dans un PV de la CD. Mounir Bitam décide de faire un recours à la FAF mais la sanction est maintenue. Elle est donc définitive. En parallèle, l'ex-président de la LFP, Mahfoud Kerbadj, attaque en justice Bitam pour diffamation. Décembre 2014, le tribunal criminel de première instance de Bir Mourad Raïs condamne l'ancien arbitre assistant international Mounir Mahmoud Bitam à quatre mois de prison ferme et à une amende de 100 000 DA. Il fait appel auprès la cour d'Alger (Sidi M'hamed) qui maintient la même sanction. Résultat des courses, nous avons là deux sanctions de la LFP et de la FAF (commission de discipline et commission de recours) consignées dans des PV, et deux verdicts de la justice qui sont annulés d'un revers de main. Comment se fait-il alors qu'aujourd'hui la FAF puisse évoquer "l'absence de tout document prouvant la condamnation par la FAF, excepté un communiqué de presse" ? Les PV ont-ils disparu ? Qu'en est-il des verdicts de la justice algérienne ? Comment se fait-il que la FAF a mis 4 ans pour se rendre compte de l'absence de tout document prouvant sa condamnation, alors que Bitam a introduit un nouveau recours dès l'arrivée de l'actuel bureau fédéral en mars 2017 ? La réhabilition de Mounir Bitam qui a le droit à un recours et à la réouverture de son dossier doit passer par une enquête sérieuse diligentée par la commission de l'éthique de la FAF et le département Intégrité dont Halim Djendoubi (47 ans), universitaire, ancien officier supérieur dans les rangs de l'Armée nationale populaire (ANP) et colonel de la Gendarmerie nationale à la retraite, est le premier responsable. Pas par une sombre histoire de disparation de PV !